Discours de Politique africaine de la France : décryptage de Me Arnaud OUEDRAOGO 

Soumis par Redaction le mar 28/02/2023 - 19:23
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Les « Discours de Politique africaine de la France » ont fini par lasser tout le monde, y compris en France. Il n’y a qu’à voir les mines figées de l’auditoire d’Emmanuel Macron hier.

 

C’est d'ailleurs sur la défensive que le Président français a commencé son Discours : « Il y a un peu plus de six ans, en novembre 2017, dans l’Amphithéâtre de l’Université Joseph KI ZERBO à Ouagadougou, j’avais débuté mon discours en citant les mots de Thomas SANKARA et en annonçant qu’il n’y avait plus de Politique africaine de la France. Ces mots sont toujours d’actualité ».

 

On observe un net changement de ton et de tonalité. Un changement de ton parce que le mot d’humilité est revenu souvent. Un changement de tonalité parce que la parole du Président français s’est nettement affaiblie en Afrique au fil des Discours. 

 

La France est aussi prisonnière que l’Afrique du passé colonial, au point qu'il a fallu autant d'effort pour parvenir à la lucidité et à l’évidence : « Il nous faut être lucides […]. Le confort de grille de lecture du passé mesurant notre influence au nombre de nos opérations militaires, ou nous satisfaire de liens privilégiés et exclusifs avec des dirigeants, ou considérer que des marchés économiques nous reviennent de droit parce que nous étions là avant, ou jouer des coudes pour nous placer au centre du jeu, ce temps-là a vécu. Ma conviction, c’est que cette voie est une impasse. Ceux qui la prônent sont plutôt les tenants d’une nostalgie ».

 

Cette autocritique arrive assez tard, au moment où ce sont les rues africaines qui dictent l’agenda. En occultant la voie des intellectuels qui ont appelé jusqu’à l’épuisement au changement de paradigme, la France s’est retrouvée nez à nez avec une jeunesse africaine mue par le bouillonnement de la conscience historique, et qui lui fait désormais injonction. 

 

Ce Discours ressemble beaucoup plus à une déclaration de bonnes intentions, car la France n’a visiblement pas les moyens de ses ambitions en Afrique. La perspective globale que la France se donne (« en brossant ce tableau général » comme le dit le Président français) est finalement ce qui fait sa faiblesse. Embarquée dans un parcours de civilisation, la France se voit obligée d’embrasser large au risque de rendre son action illisible. On le sait, « qui trop embrasse, mal étreint ». La France ne peut plus, parce que la France veut trop. 

 

Finalement, ce qui pourrait faire date dans cet exposé de stratégie générale, c’est de nous montrer le sens de la réflexion stratégique dans les rapports avec la France. En tant qu'intellectuels africains, nous devons reprendre la main sur le débat pour le sortir de la rue. Car il ne faut pas que des régimes politiques illégitimes et populistes trouvent dans le procès historique contre la France, le moyen de se dédouaner à peu de frais. Rien ne remplacera la réflexion, la réflexion stratégique.

 

Me Arnaud OUEDRAOGO 

Avocat

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