
M. Sanga a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I le vendredi 19 septembre 2025, pour répondre des faits d’escroquerie de plus de 17 millions de F CFA au préjudice de Dame Badoit.
Dans le dossier, M. Sanga a fait croire à Dame Badoit qu’il avait des contrats avec des sites miniers, qu’il possédait des camions en location auprès de partenaires miniers, qu’il était promoteur d’une agence immobilière et qu’il détenait également un compte bloqué de 18 millions de F CFA. Par ces manœuvres, il a réussi à tromper plusieurs dames, dont Dame Badoit, en soutirant à la victime plusieurs millions. Des faits qu’il a partiellement reconnus à la barre ce vendredi.
Un stratagème bien huilé pour séduire et soutirer de l’argent
Selon le prévenu, il détenait 9 millions appartenant à la victime. Celle-ci les lui aurait réclamés en raison de difficultés personnelles. Il affirme être parti en Côte d’Ivoire pour récupérer l’argent avec l’aide d’un de ses proches.
Selon la victime : « Il m’a dit que je lui portais chance et qu’il avait obtenu des commandes avec des sociétés minières. Je lui ai remis de l’argent pour un voyage à Abidjan afin de récupérer un chèque de 17 millions, pour effectuer des paiements, pour réparer un véhicule, faire sortir des camions, ainsi que pour d’autres difficultés. C’est ainsi que je lui ai progressivement remis au total 17 445 000 F CFA. Il a même simulé une maladie avec la complicité de son petit frère. »
Dans sa version, le prévenu a nié les faits, même si dans le procès-verbal de l’enquête préliminaire il avait reconnu. À la barre, avec l’appui de son avocat, il a affirmé que les enquêteurs lui auraient conseillé de reconnaître les faits et de négocier un remboursement pour éviter la prison.
Le tribunal a demandé à Dame Badoit :
— « Est-ce que vous avez l’impression d’avoir été trompée ? »
— « Non, au départ il y avait de la confiance. »
— « Et qu’est-ce qui vous a convaincue alors ? »
— « Parce qu’il a dit qu’il travaillait dans un site minier. J’ai vu des photos de lui devant de grosses machines. »
— « Vous pouvez nous les montrer ? »
— « Elles sont perdues dans l’appareil. »
Le tribunal a ensuite lu le témoignage de Dame Sonia, absente à l’audience : « Il m’a dit qu’il travaillait dans une mine, qu’il faisait de la promotion immobilière, etc. »
Question du procureur : « M. Sanga, vous avez dit que vous aviez un compte bloqué de 18 millions, est-ce vrai ? »
Réponse du prévenu : « J’ai dit que j’avais un compte bloqué, mais sans préciser le montant. »
Réponse de Dame Badoit : « Son frère a confirmé et sa femme a refusé le déblocage. »
L’avocat du prévenu a voulu savoir : « Quel type de relation vous lie ? » question posée à la victime.
— « On était en relation », a-t-elle répondu.
La même question posée au prévenu.
— « C’était ma copine », a-t-il déclaré.
Concernant les remises d’argent :
— « C’était main à main, par dépôts Mobile Money et aussi par virements bancaires », a indiqué la victime.
— « Est-ce que la remise de l’argent était frauduleuse ? »
— « Non, il y avait de la confiance », a-t-elle ajouté.
Question du tribunal à la victime : « Était-ce des prêts que vous avez faits à M. Sanga ? »
— « Oui », a-t-elle répondu.
L’avocat de la victime dénonce une escroquerie aux sentiments
L’avocat de la partie civile : « Voici une escroquerie aux sentiments. Certaines victimes se sont retirées. M. Sanga vit aux dépens des femmes. J’ai même dit à ma cliente que si j’avais su qu’elle entretenait une relation amoureuse avec lui, je lui aurais conseillé de se méfier et de ne pas lui donner de l’argent. Il utilise des manœuvres : faux compte bloqué, prétendu travailleur dans un site minier… Il soutire l’argent de ses victimes et promet de rembourser. L’argent et l’amour, c’est comme l’eau et l’huile. Il a abusé de ma cliente. Nous réclamons la somme principale de 17 450 000 F CFA et 500 000 F CFA pour les frais exposés. »
Réquisitions : M. Sanga est poursuivi pour des faits d’escroquerie. Il ressort qu’il entretenait des relations intimes avec la victime. Dame Badoit n’est pas la première victime, au moins quatre autres ont témoigné. Il utilise une fausse qualité pour tromper ses proies et se fait aider par son petit frère. En escroquant, il prend l’argent et promet de rembourser, alors qu’il sait pertinemment qu’il ne le fera pas. Qu’il vous plaise de le condamner à 60 mois de prison, dont 36 mois ferme, ainsi qu’à une amende de 5 000 000 F CFA ferme.
Avocat de la défense : « Il n’y a aucune base légale dans cette affaire. Il est clair que les deux étaient amoureux. Quand il n’y avait pas de problème, tout allait bien. Mais dès qu’il y en a, on sort des relevés pour attaquer en justice. Le tribunal n’est pas un lieu de règlement de comptes amoureux. Lorsque mon client s’est retiré de la relation, voilà que surgissent les problèmes. Concernant les réclamations, il a reconnu un certain montant qu’il a commencé à payer. Dame Badoit a également profité de mon client, ce qui ne peut pas être quantifié. L’amour est en jeu. Nous sollicitons votre clémence. »
Dans son verdict du 26 septembre, le tribunal a reconnu M. Sanga coupable des faits qui lui sont reprochés et l’a condamné à 18 mois de prison ferme ainsi qu’à une amende de 5 000 000 F CFA avec sursis. Les réclamations de Dame Badoit étant fondées, M. Sanga devra lui payer la somme principale de 17 450 000 F CFA ainsi que 500 000 F CFA au titre des frais exposés.
Par Zaïre Sanffo|Zoodomail.com
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