Le Café/ Côte d’Ivoire : le jeu politique sans les joueurs

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 Alors que l’élection présidentielle d’octobre 2025 approche à grands pas, la scène politique ivoirienne présente de nombreux signes de l’avènement d'un scrutin sous haute tension et dans un climat étrangement feutré.

 

 La radiation de la liste électorale de plusieurs figures emblématiques de l’opposition que sont Laurent Gbagbo ex-chef de l’État et président du Ppa-ci, Guillaume Kigbafori Soro ex-Premier ministre et président de Gps, Charles Blé Goudé, ex-président de la galaxie patriotique et président du Cojep et la dernière radiation en date confirmée ce mercredi 4 juin 2025 par la Commission Electorale Indépendante ( Cei), celle de Cheick Tidjane Thiam ex patron du Crédit Suisse et actuel président du Pdci-Rda, cause une onde de choc en ce moment dans la sphère politique ivoirienne et se présente comme un séisme à retardement. 

 

Si Ibrahim Koulibaly Kuibier président de la Cei, structure en charge de l’organisation des élections ne cesse de ressasser à qui veut l’entendre,  qu’il n’a fait qu’appliquer une décision de justice, il faut avouer que les implications de ces radiations aux allures d’épuration électorale méritent qu’on y porte un regard attentif.

 

Le cas de Tidjane Thiam, élu récemment avec un score pareil à un plébiscite à la tête du plus vieux parti politique de Côte d'Ivoire, suscite encore de nombreuses interrogations après sa radiation. A l’aide d’une alchimie juridique presque savamment organisée, cet ancien ministre du plan qui incarnait l’espoir des militants du Pdci-Rda pour un retour au pouvoir, s’est vu exclure du processus électoral. ’’Il n’était pas Ivoirien au moment où il s’inscrivait sur la liste électorale’’, argue la justice. Un motif que de nombreux Ivoiriens digèrent difficilement.

 

Quant à Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, sur qui pèse une condamnation à 20ans de prison chacun pour des griefs dont la justice seule a l’art de trouver les vocables appropriés, ils sont aussi privés de leurs droits civils et de la joie de jouir de leurs statuts de citoyen dans les urnes.

 

Mais ce qui trouble davantage, c’est le silence assourdissant du Président de la République Alassane Ouattara. À quelques mois de l’échéance électorale, le chef de l’État reste muet sur ses intentions.

 

Candidat ou pas ? Motus bouche cousue ! Cette ambiguïté entretenue, désoriente les observateurs de la scène politique ivoirienne et les acteurs politiques eux-mêmes. Ce silence laisse planer le doute sur une possible candidature de trop, dans un pays où la question de son troisième mandat en cours continue d’enfler dans de nombreux milieux et de hanter les esprits.

 

Avec une opposition affaiblie, il faut le reconnaître, morcelée, et privée à présent de ses leaders charismatiques pour le scrutin, l’équilibre démocratique, déjà fragile, semble se fissurer. Et si ces radiations marquent, de fait, une présidentielle sans alternative crédible, c’est la légitimité même du futur scrutin qui est en jeu.

 

Dans un pays où chaque élection a été, depuis vingt ans, synonyme de crispations, voire de violence, il serait temps que les institutions prennent la pleine mesure de leur responsabilité historique. Le peuple Ivoirien, qui aspire à la paix, à la stabilité et à une alternance apaisée, mérite une compétition électorale équitable, inclusive et transparente.

 

Le silence actuel ne doit pas masquer l’orage qui gronde. Il est encore temps d’agir, de rétablir la confiance, et de faire de l’élection présidentielle de 2025, un rendez-vous démocratique, et non un nouveau chapitre d’exclusion et de tensions. 

 

Que la démocratie advienne donc, hic et nunc ! 

 

Yamyélé|Zoodomail.com

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