
Le mardi 3 juin 2025, le Tribunal de grande instance de Ouagadougou 1 a jugé sept personnes, dont I. Hassane, directeur général de la coopérative d’épargne et de crédit « Raag Biiga ». Ils sont poursuivis pour vol aggravé, recel, complicité de vol aggravé et non-dénonciation d’infraction.
Selon l’acte d’accusation, le 7 mars 2025, I. Hassane et son adjoint O. Yacouba auraient profité de l’absence de la PDG, T. Mireille, pour subtiliser environ 250 millions de FCFA des coffres de la coopérative. Les deux prévenus ont reconnu les faits à la barre.
Le plan aurait été méticuleusement organisé. Le DG aurait envoyé les agents de sécurité sur un chantier, convaincu la secrétaire d’ouvrir le bureau de la PDG, puis vidé le coffre-fort contenant 140 millions FCFA. Ensuite, avec son adjoint, il aurait pris 80 millions FCFA supplémentaires dans son propre bureau. Tous deux se seraient ensuite enfuis à moto vers la région des Cascades, où ils seront interpellés suite à un avis de recherche.
La PDG alertée par l’attitude étrange du DG
T. Mireille a témoigné qu’elle était rentrée chez elle à cause de migraines ce jour-là. Vers 17 h, sa secrétaire l’a informée que le DG était ressorti de son bureau avec un gros sac. Soupçonnant une fraude, elle a immédiatement contacté la police.
Ne disposant pas de la clé du coffre, elle a fait appel à la société qui l’avait installé. Les billets, bien disposés, ont donné l’illusion d’un coffre plein. En réalité, il était vide. Le second coffre, dans le bureau du DG, avait également été vidé.
Elle estime à 280 millions FCFA la somme totale détournée, incluant 80 millions confiés pour divers projets, deux prêts (10 millions pour une boutique, 25 millions pour un terrain), ainsi que 8 millions issus d’une boutique Orange Money et 12 millions d’une alimentation.
« Je n’ai pas volé, j’ai déplacé l’argent », plaide le DG
I. Hassane a contesté le montant avancé par la PDG, reconnaissant avoir déplacé 197 millions FCFA, dont 10 millions lui appartiendraient. Il a déclaré qu’il soupçonnait la PDG de vouloir fuir à l’étranger avec les fonds, évoquant sa situation conjugale difficile et un projet d’installation dans un pays voisin.
Le DG a aussi dénoncé une gestion opaque et un manque de reconnaissance, affirmant que la PDG envisageait de licencier son adjoint et un autre cadre. Il a assuré n’avoir rien dépensé : « Si j’avais voulu voler, je ne serais pas resté en contact avec la PDG », a-t-il soutenu. Pour lui, il ne s’agit pas d’un vol mais d’un « simple déplacement de fonds ».
Complicités et dissimulations
O. Yacouba, l’adjoint du DG, a reconnu avoir aidé au transport des fonds et à la fuite. Les autres prévenus sont poursuivis pour recel ou non-dénonciation :
- I. Abdoul Aziz (frère du DG) a nié toute implication ;
- O. Abdoulaye (frère de O. Yacouba) a reconnu avoir dissimulé les fonds dans la boutique de son frère ;
- O. Issouf a déplacé les sacs d’argent, avant de les abandonner derrière une école à Bobo-Dioulasso ;
- S. Abdoul Fataf et S. Evariste ont déclaré avoir agi sur ordre du DG, sans connaissance de la fraude.
Réquisitions du parquet
Le ministère public a estimé que les faits de vol aggravé sont établis pour les deux principaux prévenus. Le parquet a requis :
- 48 mois de prison ferme et 1 million FCFA d’amende contre I. Hassane et O. Yacouba ;
- 18 mois dont 12 fermes + 500 000 FCFA d’amende pour O. Abdoulaye ;
- 18 mois dont 6 fermes + 500 000 FCFA pour O. Issouf ;
- La relaxe pour I. Abdoul Aziz, S. Abdoul Fataf et S. Evariste pour infraction non constituée.
Une coopérative paralysée
La partie civile a évoqué un lourd préjudice économique : 600 employés mis au chômage technique, 8 000 comptes bloqués et les locaux placés sous scellés. Elle réclame :
- 280 millions FCFA (épargne détournée) ;
- 400 millions FCFA (préjudice économique) ;
- 15 millions FCFA (frais exposés).
La défense plaide la prévention, pas le vol
L’avocat de I. Hassane a insisté sur l’intention préventive de son client, qui aurait voulu protéger les fonds d’un éventuel détournement par la PDG. Il a rappelé que l’argent a été restitué et que le DG n’a jamais coupé le contact avec sa supérieure.
Le Tribunal a mis l’affaire en délibéré. Le jugement sera rendu le 10 juin 2025.
Ph.Police
Par Serigne Ahmadou|Zoodomail.com
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