Dans un pays où la scène politique semble parfois figée entre vieilles figures et vieilles rancœurs, Laurent Gbagbo revient avec une nouvelle arme. Le mouvement citoyen. Ce jeudi 12 juin 2025, dans une lettre ouverte, l’ancien président ivoirien a lancé un appel à l’union nationale autour d’un cri de ras-le-bol : Trop c’est Trop !
Ce mouvement, qu’il décrit comme ni partisan, ni insurrectionnel, se veut un outil transversal, pacifique et démocratique, capable de réunir toutes les composantes de la société ivoirienne. Gbagbo s’adresse aux exclus de tous bords : les jeunes sans avenir, les déguerpis oubliés, les enseignants méprisés, les paysans marginalisés, les chômeurs désespérés, les artistes muselés. Il leur offre un espace où porter leurs revendications, loin des querelles de chapelles et des manœuvres de palais.
La promesse est grande. Il s’agit de redonner la voix au peuple, de construire un front social et constitutionnel face à ce que Gbagbo nomme sans détour : un pouvoir autocratique en place depuis plus de 15 ans. À ses yeux, la pauvreté, l’exclusion et l’injustice sont devenues systémiques, et la démocratie réduite à des textes foulés aux pieds.
Avec Trop c’est Trop !, Gbagbo renoue avec une stratégie bien connue dans l’histoire politique africaine : mobiliser la rue avant les urnes, créer une dynamique populaire avant d’en faire éventuellement une force électorale. Mais il le fait cette fois en plaçant l’urgence sociale au cœur du combat : lutte contre la vie chère, rejet des déguerpissements sauvages, dénonciation de la justice instrumentalisée.
Plus encore, il tire une ligne rouge : le respect de la Constitution, avec une opposition ferme à toute tentative de quatrième mandat présidentiel. Derrière cette déclaration se profile déjà le terrain de la prochaine bataille électorale.
Mais au-delà du discours, la question essentielle demeure : ce mouvement sera-t-il suivi ? La population ivoirienne, fatiguée des crises politiques et des confrontations meurtrières, est-elle prête à croire à un nouveau front populaire, sans violence mais porteur de rupture ? La mobilisation citoyenne peut-elle remplacer les logiques ethno-politiques qui structurent encore le paysage ivoirien ?
Gbagbo, fort de son expérience et de son aura historique, parie que oui. Il en appelle à l’unité, à l’honneur, à l’avenir. Il ne revient pas pour être candidat, dit-il, mais pour porter un sursaut. Le peuple, désormais, a la parole. S’il répond présent, alors peut-être que ce Trop c’est Trop ! résonnera au-delà du simple slogan.
Par Yamyélé|Zoodomail.com
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