
Le vendredi 27 juin 2025, la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga 1 a examiné une affaire d’accusation de sorcellerie ayant opposé trois membres d’une même famille. À la barre : N. Rufine et N. Josiane, poursuivies pour avoir accusé, Pauline épouse N., d’être à l’origine de plusieurs malheurs familiaux.
Tout remonte à 2023. Après le décès d’un proche, Rufine aurait demandé à la Sœur Josiane de prier pour les deux filles du défunt Daniel, qui ne se portaient pas bien. Durant la séance de prière, l’une des filles aurait tenu des propos mystérieux, suggérant que Pauline serait à l’origine du décès de leur père et d’autres difficultés subies par les membres de la famille.
Une conviction forgée par des paroles ambigües
Selon Rufine, c’est à ce moment-là qu’elle aurait pensé que Pauline était responsable d’une forme de malédiction. « Une des filles parlait et ça semblait être Pauline qui avouait. La sœur a demandé “C’est toi Pauline ?” et c’est là que j’ai cru qu’elle était responsable quelque part. C’est ainsi que j’ai raconté l’affaire à Odilon, un autre membre de la famille », a-t-elle déclaré devant le Tribunal.
La sœur Josiane affirme n’avoir rien dévoilé
La Sœur Josiane, pour sa part, a déclaré qu’elle était simplement concentrée sur la prière : « À la fin, j’ai dit que tout ce qui s’était passé devait rester entre nous. »
Les témoins confirment les propos tenus
Appelés à la barre, deux témoins ont confirmé que Rufine leur avait confié que Pauline « mangeait des gens » et serait responsable de décès, maladies et licenciements. Toutefois, ils ont indiqué ne pas avoir cru à cette rumeur, bien qu’ils aient convoqué une réunion familiale. La sœur Josiane n’y avait pas pris part.
Une accusation qui détruit une réputation
À la barre, Pauline, la victime, a déclaré : « Mon époux m’a dit que Rufine lui avait rapporté qu’au cours d’une prière organisée par la sœur, il a été révélé que j’étais la cause du décès de Daniel et des autres malheurs. J’ai été traumatisée. C’est ce qui m’a poussée à porter plainte. »
Le ministère public pointe une imprudence
Le ministère public, dans ses observations, a été ferme avec Ruffine : « Josiane a dit que… Elle a dit que… des commérages. Pourquoi Josiane ne parle pas elle-même ? Elle vous a dit de ne rien dire à personne. Quelle éducation avez-vous donnée à vos enfants ? Vous n’avez pas été prudente. »
L’avocat de la victime plaide pour la dignité
Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile a dénoncé une grave atteinte à la dignité : « Ma cliente a été humiliée dans sa belle-famille après 40 ans de mariage. Elle est rentrée chez elle sous le poids d’une accusation de sorcellerie. Rufine a porté atteinte à son honneur. » Il a estimé que la sœur Josiane, ayant organisé la prière, est responsable de l’élément déclencheur. « Ma cliente ne demande pas de l’argent, elle veut que la vérité soit dite. D’autres épouses ont subi les mêmes mensonges dans cette famille. Nous sollicitons 1 franc symbolique pour les dommages et 1 000 000 F CFA pour les frais exposés. »
Le parquet requiert la condamnation de Rufine, la relaxe pour Josiane
Puis est venu le tour du parquet. Le procureur a reconnu que l’infraction était bien constituée : « L’élément intentionnel de Rufine est établi. Le procès vise la vérité et une réconciliation familiale. » Il a requis 12 mois de prison avec sursis et 1 000 000 F CFA d’amende ferme contre Rufine. Concernant la Sœur Josiane, il a estimé qu’elle n’a pas directement accusé la victime : « Elle n’est ni auteure ni complice. Elle doit être relaxée au bénéfice du doute. »
Une œuvre de charité mal comprise
« J’ai le regret que, pour un devoir de vœu de charité, cela ait conduit à un drame familial », a déclaré la Sœur Josiane, propos rapportés par son conseil.
Pour l’avocat de la prévenue, sa cliente ne peut être considérée comme auteure ou complice d’une accusation de sorcellerie. « Il s’agissait simplement d’une prière spontanée qu’elle a faite en marge de la famille, chez elle, alors qu’elle était venue pour les funérailles. Je vous demande, Monsieur le Président, de suivre les réquisitions du parquet », a-t-il conclu.
Les mots de la fin
Dans leurs derniers mots, Rufine a demandé pardon à Pauline, à sa famille et au Tribunal. La Sœur Josiane a exprimé son regret : « Je suis désolée que pour une Oeuvre de charité, nous soyons devant vous. »
Le verdict
Le Tribunal a finalement reconnu Rufine coupable d’accusation de sorcellerie. Elle a été condamnée à six mois de prison et 250 000 F CFA d’amende, le tout assorti du sursis. Elle devra également verser 1 franc symbolique à la victime, ainsi que 500 000 F CFA pour les frais exposés. La Sœur Josiane a été relaxée au bénéfice du doute.
Une mise en garde finale
En guise d’avertissement, le président du Tribunal a déclaré à la religieuse : « Faites très attention, vous êtes à un pas. »

Par S.Soubila|Zoodomail.com
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