Paul Biya : la retraite, c’est pour les autres

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Paul Biya

Ce n’est ni un mirage, ni une fable tropicale. C’est bien réel : Paul Biya, 98 ans, président du Cameroun depuis 1982, est pressenti pour briguer un… huitième mandat. Quarante-cinq années à la tête d’un pays, et l’ambition intacte. L’histoire s’écrit au présent et au pluriel des décennies.

 

Dans ce pays que certains appellent encore « locomotive de la sous-région », pullulent pourtant les autoproclamés défenseurs de la souveraineté africaine, les stratèges géopolitiques de salon et les “résistants” de télévision. Toujours prompts à s’ériger en censeurs de la démocratie ouest-africaine, mais étrangement silencieux lorsqu’il s’agit de balayer devant leur propre palais présidentiel.

 

On y crie à l'impérialisme, on convoque Thomas Sankara à chaque manifestation, on appelle les armées du Bénin et de la Côte d’Ivoire à renverser leurs propres présidents… pendant qu’un chef d’État nonagénaire se prépare, dans l’impunité la plus tranquille, à prolonger un règne déjà deux fois plus long que la vie moyenne d’un Burkinabè.

 

Et pourtant, ironie grinçante : le Cameroun est jeune. Sa population, elle, a une moyenne d’âge de 19 ans. Mais son gouvernement ? Une gérontocratie. Un cénacle verrouillé, figé, où les fauteuils ministériels se transmettent presque comme des héritages coutumiers. Pendant que la jeunesse cherche un avenir à Douala, Paris ou Montréal.

 

Mais peut-être avons-nous mal compris. Peut-être que ce pays-là n’est pas vraiment un pays. C’est un continent. Un continent où, tant que l’on respire, l’on peut prétendre à la présidence. Où la vieillesse n’est pas un frein, mais un CV politique. Où la longévité au pouvoir devient, en soi, un programme électoral.

 

Un continent à part, où la démocratie a l’étrange forme d’un fauteuil présidentiel… inamovible.

 

Par Daniel PRAU|Zoodomail.com

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