Devant le Tribunal-Ouaga I : O. Noé, « prophète » sur TikTok, jugé pour avoir floué ses fidèles

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Papa na terminus Tik Tok

Le vendredi 11 juillet 2025, O. Noé et B. Moïse ont comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I. Ils sont poursuivis pour des faits d’escroquerie et d’avortement.

 

Dans le dossier, O. Noé, commerçant et de confession protestante, est accusé d’avoir escroquer plusieurs femmes en se présentant comme homme de prière sur le réseau social TikTok, sous le pseudonyme « Papa na Terminus ». À la fin de ses prières diffusées en direct, il laissait un numéro de téléphone pour des appels privés. Ce qui lui a permis d’entrer en contact avec plusieurs femmes séduites par son activité spirituelle, dont certaines l'appelaient "Pasteur", d'autres "Prophète".

 

Une affaire d’escroquerie via TikTok et fausse promesse de mariage

 

Parmi les plaignantes figure K. Awa, qui l’a contacté pour des séances de prière. Peu à peu, O. Noé lui aurait proposé de devenir modératrice de sa page TikTok. Plus tard, il l’aurait sollicitée pour annoncer un projet de construction d’église pendant un live. Convaincue, Awa lui a remis une première enveloppe d’un million de francs CFA, puis deux millions à titre de prêt, en plus de divers autres montants. En mai 2025, elle a porté plainte pour escroquerie, réclamant un total de 5 338 000 francs CFA.

 

Une autre plaignante, Y. Catherine, affirme avoir également été séduite par le « prophète ». La relation aurait évolué vers une promesse de mariage. Elle déclare avoir contribué à la construction de l’église à travers la livraison de trois tonnes de ciment, un montant de 600 000 francs CFA, un téléphone d’une valeur de 300 000 francs CFA, un bracelet estimé à 50 000 francs CFA, ainsi que d'autres versements. Elle évalue sa contribution totale à deux millions de francs CFA.

 

Enfin, L. Jessica accuse O. Noé de l’avoir mise enceinte avant de l’avoir poussée à avorter. C’est B. Moïse, coprévenu dans le dossier, qui aurait remis l’argent destiné à l’interruption de grossesse.

 

 

O. Noé nie toute implication dans un avortement

 

Interrogé à la barre, O. Noé a nié les faits : « Non pour l’escroquerie, non également pour l’avortement. »
À la question du Tribunal sur sa qualité de pasteur ou prophète, il répond :
« Je ne suis pas pasteur. Un pasteur donne des enseignements et des prières. Le titre de prophète, ce sont les fidèles qui me l’ont donné. »

 

Concernant les sommes reçues, il a précisé avoir informé Awa de son intention de lui rembourser les deux millions. Il soutient que le reste des montants étaient des dons. Même version pour les contributions de Catherine.
« Malgré le fait que j’ai une épouse, Awa et Catherine étaient amoureuses de moi. C’est quand Awa a constaté que Catherine, qui venait d’arriver, était aussi amoureuse de moi, qu’elles se sont associées pour me dénigrer. Voilà pourquoi je suis devant vous. »

 

À propos de l’avortement présumé, O. Noé s’est défendu :
« C’est mon ami Moïse qui est venu me dire que Jessica ne se sentait pas bien. Après des rapports non protégés avec elle, elle lui aurait annoncé qu’elle était enceinte et qu’elle avait besoin d’argent pour faire une échographie. Elle disait aussi avoir le paludisme et vouloir faire d’autres examens. J’ai alors remis 100 000 francs CFA. Ce n’est que lors de mon arrestation, pendant la confrontation au commissariat entre Moïse et Jessica, que j’ai entendu parler d’un avortement. »

 

Prison avec sursis requise

 

B. Moïse, poursuivi pour complicité d’avortement, a reconnu à la police avoir remis l’argent à Jessica. Mais au Tribunal, il a livré une autre version :
« Après vérification, j’ai compris que tout cela était un montage entre les filles pour nuire à Noé. J’ai remis 60 000 francs à Jessica et gardé 40 000 pour mes besoins personnels. Pour moi, elle n’était pas enceinte. »

 

 

Le parquet a alors questionné Moïse :
« Ce montant est trop élevé pour une simple échographie ou un test de paludisme. Vous saviez tous les deux que c’était destiné à un avortement. »

 

Il a également demandé aux plaignantes ce qui les avait motivées à lui remettre autant d'argent. « Nous avons eu confiance en lui parce que c’était un homme de Dieu », ont expliqué les plaignantes pour justifier les importants montants versés

 

Les victimes ont maintenu leurs réclamations. K. Awa exige la restitution de 5 338 000 francs CFA et Y. Catherine, deux millions de francs CFA.

 

Dans ses réquisitions, le parquet a déclaré :
« Le prévenu s’est présenté faussement comme prophète sur TikTok pour attirer les victimes en leur faisant croire qu’il pouvait résoudre leurs difficultés. Il n’a d’ailleurs aucune église enregistrée. Quant aux 100 000 francs CFA remis, ce n’était pas pour une échographie mais bien pour un avortement. Moïse, qui a remis l’argent, est complice. ». L’infraction d’escroquerie ainsi que celle de complicité d’avortement sont constituées.

 

Il a requis 24 mois de prison avec sursis contre les deux prévenus, assortis d’une amende ferme d’un million de francs CFA chacun.

 

Pour la défense, Me Kiéma a plaidé la relaxe :
« O. Noé communique avec une communauté religieuse sur les réseaux sociaux comme le font d'autres confessions. C’est celui qui croit qui adhère. L’église en construction est vérifiable. Il n’y a ni escroquerie ni avortement. Les sommes évoquées sont des dons ou des prêts relevant du droit civil. »

 

Le Tribunal rendra son verdict le 18 juillet 2025.

 

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Par S.Soubila|Zoodomail.com

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