
Le mercredi 2 juillet 2025, la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I a jugé un dossier sensible mêlant amour, grossesse non désirée et interruption volontaire de grossesse. Le prévenu, S.Abdoul Latif, âgé de 27 ans, célibataire et père de deux enfants, est poursuivi pour avoir provoqué un avortement sur la jeune B.Natif, âgée de 17 ans.
Les deux jeunes résident dans le quartier Tanghin de Ouagadougou et entretenaient une relation amoureuse depuis quelque temps. À la barre, il a été révélé que le couple avait connu une période de séparation de trois mois, suite à des accusations d’infidélité portées par Abdoul contre Nafi, qu’il soupçonnait de fréquenter d'autres garçons du quartier.
Mais un soir, Nafi le recontacte pour l'informer qu'elle est enceinte. Après une première contestation, Abdoul lui suggère un mélange de Coca et de Nescafé comme solution abortive, sans succès. Quelques jours plus tard, il revient avec un produit abortif, que la jeune fille aurait ingéré avant d'être prise de malaise. Elle sera ensuite hospitalisée.
Une version contre une autre
À la barre du Tribunal, Abdoul ne nie pas les faits. Il affirme toutefois que la décision d’interrompre la grossesse était commune, déclarant : « Je voulais épouser Nafi, mais elle m’a dit que la grossesse allait poser problème, alors on a cherché une solution. » Interrogé sur la provenance du produit, il ajoute : « C’est Nafi qui m’a donné le nom du médicament qu’elle a trouvé sur Internet. »
Nafi, elle, contredit cette version. Elle assure qu’Abdoul est venu chez elle un soir, lui a remis le produit et lui a demandé de l’utiliser.
Selon la mère de la victime, c’est en constatant l’état de sa fille que cette dernière lui a confié avoir pris un produit donné par Abdoul pour interrompre la grossesse. La mère, après confrontation avec Abdoul à son domicile situé à proximité, soutient qu’il a reconnu les faits et promis de prendre en charge les soins, promesse restée sans suite. Elle a donc porté plainte en mai 2025.
« Abdoul a déclaré ici, à la barre, que votre fille fréquente d'autres garçons. Est‑ce qu'elle dort tous les jours à la maison ? », interroge l’avocat du prévenu.
« Elle dort souvent chez sa grand‑mère, qui habite juste à côté du domicile de Abdoul », répond la mère de la victime.
« Êtes‑vous certaine qu’elle dort effectivement chez sa grand‑mère ? », insiste le parquet.
« Là, je ne sais pas », concède‑t‑elle d’un ton hésitant.
Le Tribunal lui demande ensuite si elle a des réclamations au cas où Abdoul serait reconnu coupable. Elle réclame la somme de 150 000 franc CFA correspondant aux frais médicaux engagés pour sa fille.
Abdoul coupable, les parents de Nafi recadrés
Le procureur a requis 12 mois de prison assortis du sursis, ainsi qu’une amende d’un million de francs CFA, également avec sursis, estimant que les faits d’avortement sont constitués et réprimés par la loi.
De son côté, l’avocat de la défense reconnaît que son client aurait dû assumer ses responsabilités face à la grossesse, tout en dénonçant « la légèreté dans l’encadrement parental » de la jeune fille. Rappelant qu’Abdoul « pleure tous les jours à la MACO » et que sa mère est malade, il sollicite la clémence du Tribunal et plaide la relaxe.
Dans son verdict, le Tribunal a reconnu coupable des faits d’avortement et condamne Abdoul à 12 mois de prison et amende d’un million de franc CFA, le tout assortis de sursis. Le montant de la condamnation civile à payer est de cent quinze milles franc CFA.
« Il faut prendre ses responsabilités en évitant les avortements clandestins qui peuvent coûter la vie », a déclaré le président du Tribunal. Il a aussi interpellé les parents de Nafi sur l’éducation de leur fille, avant d’inviter cette dernière à la prudence.
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Par Sam Soubila|Zoodomail.com
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