Le 13 décembre n’est pas une date comme les autres. Pour les Burkinabè, elle résonne comme une blessure ouverte et un serment non tenu. Vingt-sept ans après le quadruple assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons sur la route de Sapouy, la justice reste un horizon lointain, presque abstrait.
Ce lundi 8 décembre 2025, le CODMPP et la CCVC ont rappelé, à travers une conférence de presse conjointe, l’essentiel : tant que le dossier n’aura pas été jugé, tant que la vérité ne sera pas dite, tant que la justice ne se sera pas prononcée, notre nation demeurera face à une faille morale.
« Le quadruple meurtre reste un tournant majeur de l’histoire politique récente du Burkina Faso », a souligné Chrysogone Zougmoré. Il a raison. Sapouy n’est pas seulement un drame ; c’est l’acte fondateur d’une prise de conscience citoyenne, le moment où une société a décidé de ne plus se laisser dicter le silence.
Mais vingt-sept ans plus tard, le silence judiciaire persiste. Les promesses de renvoi devant la chambre criminelle, en décembre 2024, puis en novembre 2025, n’ont donné aucune suite visible. Les familles attendent. Le peuple attend. L’histoire attend.
Quand un dossier aussi emblématique traverse les décennies sans aboutir, ce n’est pas seulement une affaire inachevée : c’est un message inquiétant. Celui que l’impunité peut triompher. Celui que la vérité peut être étouffée. Celui que la justice peut se taire.
Or, nous le savons : le Burkina d’aujourd’hui vit une crise sécuritaire profonde, un désarroi social palpable. Et pourtant, la mémoire de Norbert Zongo nous rappelle qu’aucune nation ne peut se reconstruire sur le déni. La justice n’est pas un luxe ; elle est un socle.
Le 13 décembre prochain, des gerbes seront déposées, une conférence publique se tiendra, des hommages seront rendus. Mais l’hommage le plus digne reste l’engagement.
Car, comme l’a dit Zougmoré, “se souvenir de Norbert Zongo, ce n’est pas seulement honorer un martyr : c’est refuser que le silence devienne le dernier mot de la justice.”
Norbert Zongo reste vivant dans notre conscience collective parce qu’il incarne ce que nous refusons : la peur, le bâillonnement, l’arbitraire.
À ceux qui pensent que le temps affaiblit les combats, le 27e anniversaire répond : nous n’avons pas oublié, nous n’oublierons jamais.
Que le jugement se tienne, même par contumace. Que la vérité éclate, même tardive. Que la justice soit rendue, même sous pression.
Car à Sapouy, c’est le Burkina qui a été blessé. Et seule la justice peut guérir.
Par Yamyélé|Zoodomail.com
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