Devant le Tribunal/ Menaces, arme à feu et décision de justice : les dessous d’une affaire tendue à Sankariaré

Submitted by Redaction on
Image
Devant le Tribunal

Le mardi 20 mai 2025, N. Stéphane a comparu devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1. Il est poursuivi pour menaces sous condition, port apparent d’une arme à feu dans un lieu public et refus d’exécuter une décision de justice.

 

Les faits remontent au 8 avril 2025. Ce jour-là, Z. Abdoul, clerc d’huissier, et N. Awa, stagiaire, mandatés pour procéder à un inventaire, se rendent dans la boutique du prévenu, située à Sankariaré. Ce dernier, mécontent de leur présence, aurait exhibé une arme et les aurait violemment chassés.

 

Des versions contradictoires à la barre

À la barre, Z. Abdoul explique avoir d’abord été refoulé du magasin du commerçant, avant de tenter de s’expliquer avec lui dans sa boutique. Il lui aurait présenté le procès-verbal et l’ordonnance du tribunal, que N. Stéphane aurait jetés à terre, exigeant leur départ.

 

Z. Abdoul affirme avoir entendu un bruit caractéristique d’arme qu’on charge, ce qui l’a poussé à fuir. Sa collègue, N. Awa, affirme pour sa part avoir vu le prévenu sortir avec une arme noire à la main, ce qui aurait provoqué une scène de panique. Le prévenu aurait également confisqué leurs motos.

 

Le prévenu nie les faits

De son côté, N. Stéphane nie fermement les accusations. Il admet avoir reçu les deux agents dans sa boutique, mais affirme ne pas avoir compris leur mission et avoir simplement exigé leur départ. Il dément avoir utilisé une arme ou avoir saisi les motos. Il estime que ses employés ont mal interprété la situation.

 

La partie civile réclame des réparations

Pour la partie civile, les faits sont clairs : le prévenu a entravé l’exécution d’une décision judiciaire et a usé d’intimidation. Son avocat évoque un antécédent similaire réglé à l’amiable. Il réclame 5 millions de FCFA de dommages pour chacun des clients T. Alassane et T. Mahama, un franc symbolique pour le cabinet de l’huissier, 2 millions FCFA de frais exposés non compris dans les dépens, ainsi que la confiscation de l’arme.

 

Le parquet nuance, la défense demande la relaxe

Le ministère public, quant à lui, estime que l'infraction de menaces sous condition n’est pas constituée, en l’absence de preuve irréfutable sur l’usage d’une arme. Toutefois, il considère que le refus d’exécuter une décision de justice est bien établi. Il requiert 24 mois de prison avec sursis et 500 000 FCFA d’amende ferme.

 

La défense plaide les circonstances atténuantes, estimant que son client pensait faire face à une saisie. Elle souligne les incohérences dans les témoignages, notamment sur la couleur de l’arme évoquée (blanche en instruction, noire à la barre). Elle demande la relaxe pure et simple pour infraction non constituée

 

Le Tribunal rendra sa décision le 27 mai 2025.

 

Par Ahmadou SERIGNE|Zoodomail.com

 

Les trois dernières publications