
Le vendredi 23 mai 2025, O. Souleymane et N. Rasmané ont comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga 1. Ils sont poursuivis pour escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux en écritures privées de commerce. N. Rasmané est également poursuivi pour des faits d’évasion. À la barre, les deux prévenus ont partiellement reconnu les faits.
Selon l'accusation, les deux hommes se sont fait passer pour des propriétaires terriens, produisant de fausses fiches d’attribution comportant une fausse signature afin de vendre des terrains fictifs. O. Souleymane a admis avoir joué un rôle dans l’escroquerie, mais a rejeté l’accusation de faux et usage de faux. Il a déclaré s’être contenté de mettre en relation les victimes, S. Inoussa (professeur d’éducation physique) et T. Pierre (infirmier), avec son co-prévenu N. Rasmané, qu’il connaissait comme démarcheur à Kamboinsin, surnommé « le Bon » pour son efficacité.
Souleymane a avoué avoir perçu 350 000 FCFA de T. Pierre, mais nie avoir produit de faux documents. Il affirme que Rasmané lui a envoyé une fiche d’attribution raturée d’une société immobilière, lui demandant d’en recopier le contenu sur une feuille blanche avec son numéro de téléphone. Ce document a ensuite été transmis à une tierce personne qui a réalisé la saisie en utilisant l’en-tête de la société tout en modifiant les informations.
Des versions contradictoires à la barre
Pour sa part, N. Rasmané a nié toute implication dans les faux documents. Il soutient que c’est Souleymane qui l’a mis en contact avec les victimes et l’a incité à se faire passer pour un propriétaire terrien. Il ajoute que la manœuvre a fonctionné et qu’ils se sont partagé les gains. Il décrit une organisation impliquant plusieurs individus : S. Stéphanie (secrétaire), Y. Édouard (chargé de convaincre les victimes), et C. Mahama, un ex-employé de la société immobilière, qui a transmis la fiche falsifiée.
Rasmané affirme ne pas savoir lire ni écrire, et donc incapable de produire ou signer de faux documents. Il explique que, lorsqu’un acheteur potentiel se manifestait, Souleymane lui envoyait par WhatsApp une fausse fiche d’attribution simulant une transaction légitime avec la société immobilière.
Le témoignage accablant d’une victime
Présent à l’audience, S. Inoussa a confirmé que Souleymane l’avait mis en relation avec Rasmané, le présentant comme topographe dans la société immobilière, proche du directeur. Il dit avoir versé 350 000 FCFA à Souleymane et estime avoir perdu au total environ 8 350 000 FCFA dans l’affaire. Il s’est constitué partie civile et réclame ce montant à titre de réparation.
Des réquisitions sévères du parquet
Le ministère public a estimé que les faits d’escroquerie étaient pleinement établis à l’encontre des deux prévenus. Pour N. Rasmané, déjà condamné le 4 décembre 2024 à 12 mois de prison dont 6 mois ferme, le parquet a requis :
- 10 ans de prison ferme avec une période de sûreté de 5 ans
- Une amende de 2 millions de FCFA assortie de sursis pour escroquerie en bande organisée et complicité de faux et usage de faux
- 6 mois de prison ferme et 300 000 FCFA d’amende pour évasion
Contre O. Souleymane, le parquet a requis :
- 7 ans de prison, dont 5 ans de sûreté
- 2 millions de FCFA d’amende assortie de sursis pour escroquerie en bande organisée et faux et usage de faux
La défense minimise les faits et dénonce une évasion douteuse
La défense de N. Rasmané a estimé que les faits de faux et usage de faux n’étaient pas matériellement caractérisés. L’avocat a invité le tribunal à relativiser les accusations d’escroquerie, estimant que les victimes n’étaient pas irréprochables, ayant voulu acquérir des terrains à bas prix sans vérifier les documents. Selon lui, elles ont cherché des raccourcis, évitant les procédures normales auprès d’une société immobilière légitime.
Concernant l’évasion, la défense a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une fuite. D’après elle, N. Rasmané avait bénéficié d’une permission et a été victime d’un accident nécessitant une intervention chirurgicale. Sa femme aurait informé le juge de sa situation. Il ne lui restait, selon l’avocat, que trois mois à purger, rendant improbable toute volonté d’évasion.
Le verdict a été mis en délibéré pour le 13 juin 2025.
Ahmadou SERIGNE|Zoodomail.com
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