Terre Ceinte: «danser avec les maux pour oublier, pour se libérer» (Djibril Ouattara )

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Terre ceinte

Le projet «terre ceinte» initié par l'auteur, metteur en scène et comédien Aristide Tarnagda est une réadaptation inspirée du livre de l'auteur sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. Du 26 mars au 12 avril 2024 à Tenkodogo, des ateliers ont été initiés en signe de résistance face au terrorisme.  

 

«Terre ceinte» est une résistance face au terrorisme. C'est dans cette optique que Aristide Tarnagda a mis en place des ateliers avec les personnes déplacées internes. La vision première de ce projet est de permettre à ces personnes de s'intégrer plus facilement dans la société, tisser des liens amicaux entre la population hôtes et les personnes vulnérables. Pendant près d'un mois, ils ont eu à s'exercer à la peinture, le théâtre, la musique, la photographie et la danse. En photographie ils ont appris aux côtés de Boureima Passeré, les bases de la photographie et aussi à capturer les moments qui leur parlent. Tous ces ateliers étaient aussi un moment de communion, un moment où ils pouvaient s'oublier et vivre pleinement la vie. 

À l'issu de ces différents ateliers, une restitution sera mis en place afin de montrer ce qu'ils auront appris et un spectacle de fin est prévu pour jouer les récréatrales. Intitulé «Tu dis PDI?» chorégraphié par le danseur interprète Djibril Ouattara, ce spectacle parle principalement du deuil. Ce spectacle est en quelque sorte une libération pour ces personnes vulnérables qui ont assisté à des scènes atroces. Cela permet de panser leurs plaies, panser leurs peines et aussi leur redonner l'envie de garder espoir. « l'idée de cette chorégraphie était de partir sur le deuil. Le deuil aussi, c'est l'espoir parce que faire son deuil c'est de se libérer, de la mémoire de la personne, qu'on a perdu et de pouvoir avancer» a-t-il fait savoir. 

Une premier temps de résidence s'est fait en Août dernier. Et cette deuxième phase du travail  commence à se dessiner et à prendre forme. Selon le chorégraphe, le spectacle  sera de belle facture. « l'évolution de ce boulot est magnifique. En Août dernier on était là-bas pour une première étape et cette fois ici, on était là et le travail progresse très bien.  Il y aura une troisième étape pour terminer le filage et je pense que cela va être beau. Le spectacle aura de la gueule car cela promet » a-t-il avoué. Il n'a pas manqué de faire savoir qu'il y a quelques manquements car sur la question de donner l'émotion il y a toujours des difficultés. Celà s'explique par le fait que ce ne sont pas des professionnels en la matière mais il espère que cela viendra avec le temps de répétition qu'ils auront pendant  la troisième phase. 

 

"Quand je vois les gens tombés, cela me rappelle des souvenirs douloureux"

En ce qui concerne ce projet, Djibril Ouattara a salué cette initiative car, selon lui, ce projet est un bon projet et nécessaire, parce que cela soigne l'humain, cela permet à l'humain de se sentir aimé. Permettre à ces personnes qui ont perdu leurs terres, leurs proches de façon très tragique de sentir valoriser et entourer. Amener ces personnes vulnérables, c'est les amené à transcender et pouvoir oublier un tant soit peu tous ces problèmes. « par exemple dans la pièce, il y a une des danseuses qui ne tombait pas. Il y a une partie où les danseurs tombent en dents de scie. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne tombait pas, c'est après qu'elle me fait comprendre qu'elle n'arrive pas à tomber et quand elle voit les gens tombés, elle voit exactement quand les terroristes sont venus chez eux et ils ont commencé à tirer sur les gens» a-t-il laissé entendre. Plusieurs scènes convoquées dans ce spectacle ressemblent trait pour trait aux atrocités qu'ils ont vécu. Et cela les permet d'oublier et de mettre une croix sur le passé. 

Ce projet vient donc à point nommé afin de soulager un tant soit peu la peine de ces personnes vulnérables. Un projet qui doit être soutenu par l'État, car même après la guerre, il y aura des séquelles sur la population et ce projet est une porte de guérison pour les plaies profondes. Cela permet à ces personnes de soigner leurs psychiques et leurs donner un grain d'espoir afin qu'ils sachent que tout n'est pas perdu. 

Nefertari Ouedraogo

Zoodomail.com 

 

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