Burkina–Devant le Tribunal/Acte de grand banditisme : récit glaçant d’un chauffeur tué et jeté dans un bas-fond à Ouagadougou

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Devant le Tribunal

Le 21 octobre 2025, Badini, Bontogo et Yelbeogo sont poursuivis par la chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I pour vol, séquestration aggravée, abus de confiance sur des marchandises, recel de cadavre et association de malfaiteurs, dont la victime est Ouedraogo.

 

Dans le dossier Ouedraogo, chauffeur avait quitté la ville de Bobo-Dioulasso avec un camion chargé de marchandises à destination de Ouagadougou. Après le déchargement, il a été contacté par Tall et Bontogo, qui lui ont fait croire qu’ils disposaient d’autres marchandises à transporter. Il a été invité dans un maquis, puis chez Bontogo. C’était courant janvier 2025.

 

Le piège tendu au chauffeur

 

 « Qu’est-ce qui s’est passé ? », questionne le tribunal à Bontogo.
« Quand il est venu chez moi, il a été ligoté par Tall et Badini. Moi, je faisais le guet en surveillant. Le lendemain, Tall, Badini et Landry sont venus avec des motos neuves. Après, on a vu qu’il ne respirait plus, car il avait reçu un coup de Tall. »

 « Et vous ? », questionne le tribunal à Badini.
 

« Moi, je suis chauffeur. Tall m’a dit qu’il allait me trouver du travail et m’a demandé de venir chez Bontogo. À mon arrivée, ils m’ont dit de me cacher derrière les rideaux, en attendant le chauffeur du camion venu de Bobo. Quand il est entré, Tall et Bontogo l’ont pris de vitesse ; il est tombé, ils l’ont ligoté. Il criait, et moi, j’ai pris un coussin pour fermer sa bouche. J’ai ensuite conduit le camion à Sankariaré pour charger des céréales, de l’huile, des motos et du matériel pour l’or, à destination de Kaya. Bontogo a gardé deux motos par-devers lui et a dit que le chauffeur faisait beaucoup de bruit. Nous lui avons alors dit de le détacher. Ensuite, on a constaté qu’il était mort. Bontogo a dit qu’il lui avait donné un coup sur la tête pour le faire taire. Après, on a décidé de se débarrasser du corps. Nous sommes allés dans un maquis à 18 h pour boire. Vers minuit ou 1 h du matin, Tall conduisait une moto, moi j’étais derrière en tenant le corps. Bontogo était devant avec une autre moto, et une autre personne nous guidait vers un bas-fond où nous avons jeté le corps. J’ai ensuite conduit le camion à Kaya avec la marchandise. Bontogo m’a vendu une des motos parce que j’avais besoin d’une moto. Je n’ai pas vu Yelbeogo. »

 

Tall absent du procès 

 

Selon la version de Yelbeogo, Bontogo lui avait parlé du problème, mais il lui avait dit de ne pas le faire parce que ce n’était pas bien. Il affirme qu’il n’a pas participé aux faits. C’est une semaine après qu’il a appris que le chauffeur était mort.

 

Bontogo a confirmé les propos de Yelbeogo. Il dit également qu’il a pris sa moto pour transporter le corps sans l’en informer. « Yelbeogo est un ami d’enfance. Il m’a dit de ne pas le faire, mais je l’ai fait. Tall a du wack, il m’a manipulé. Même les policiers ont eu peur de lui quand ils ont tenté de l’appeler. »

 

 « Vous avez déjà demandé à Yelbeogo de vous aider à tracter un véhicule suspect. Quand vous commettez des actes criminels, c’est encore Yelbeogo que vous appelez », a fait observer le procureur.
« C’est un ami », a répondu l’accusé.

 

Concernant les réclamations, le frère du défunt n’a rien demandé. Le propriétaire du camion n’a pas estimé sa demande. Diallo, quant à lui, réclame 14 millions de F CFA, car il avait des marchandises dans le camion à destination de Dori.

 

Notons que, dans le dossier, c’est à la suite d’un contrôle de police que le petit frère de Badini a été épinglé avec la moto de ce dernier, issue du plan criminel. Il détenait les papiers à son nom, mais les motos qu’il transportait avaient été déclarées par le commerçant. En se rendant à la police pour les récupérer, Badini a été mis aux arrêts. L’enquête minutieuse menée par la police a permis de reconstituer les faits : le vol du camion, l’abus de confiance sur la marchandise, la séquestration aggravée, le recel du cadavre et l’association de malfaiteurs. Tall, quant à lui, est toujours en fuite.

 

Les réquisitions du parquet : 35 ans de prison requis

 

Dans ses réquisitions, le ministère public a indiqué :
« Ouedraogo a été séquestré, ligoté et battu jusqu’à la mort. Il y a eu recel de son corps, et le bas-fond n’est pas un lieu pour les personnes décédées. Nous demandons au tribunal de les reconnaître coupables et de condamner Badini et Bontogo à 35 ans de prison ferme chacun, assortis d’une amende de 5 000 000 F CFA. Que Yelbeogo soit reconnu coupable seulement de l’infraction d’association de malfaiteurs, car il était au courant du plan criminel, mais qu’il soit relaxé des autres infractions. Nous demandons qu’il soit condamné à 11 ans de prison ferme et à une amende de 2 000 000 F CFA. »

 

Pour l’avocat de la défense de Yelbeogo :
« Je m’incline devant la mémoire de la victime et la souffrance des parents depuis le 30 janvier 2025. Mon client a 25 ans, conducteur d’engins, père d’un enfant né pendant son incarcération. Il risque de perdre sa liberté pendant 11 ans au regard des infractions retenues. Il y a contradiction dans les réquisitions : il est relaxé pour les autres faits mais maintenu pour l’association de malfaiteurs, alors qu’il n’en fait pas partie. Bontogo, Badini et Tall se sont réparti les tâches. Il n’en faisait pas partie. Bontogo est venu lui dire qu’il allait prendre sa moto pour aller chercher sa copine. Même dans le rapport de police, son nom n’a pas été cité parmi les autres. Bontogo a dit à la barre qu’il n’avait rien fait. Quand il a appris le décès du chauffeur, il a dit qu’il ne pouvait pas y croire et ne pouvait pas aller témoigner de ce qu’il n’avait pas vu. C’est après la consommation du forfait que Yelbeogo a été cité. Nous disons que toutes les infractions ne sont pas établies. Nous demandons votre clémence. »

 

Le délibéré est prévu pour se rendre le mardi 28 octobre 2025.

 

Par Reine Zongo|Zoodomail.com

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