Guinée-Le Café : Mamadi Doumbouya, le pari risqué du pouvoir prolongé

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Le Café

Ce lundi, le général Mamadi Doumbouya a franchi une étape symbolique et lourde de sens : il s’est rendu à la Cour suprême pour déposer sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour le 28 décembre 2025. Un acte que d’aucuns attendaient, d’autres redoutaient, mais qui ne surprend véritablement personne.

 

Le chef de la transition, arrivé au pouvoir par les armes en septembre 2021 après avoir renversé Alpha Condé, avait promis une refondation de l’État, une moralisation de la vie publique et le retour à l’ordre constitutionnel. Quatre ans plus tard, il choisit d’en être lui-même l’héritier. En se portant candidat, Doumbouya transforme la transition en tremplin politique, confirmant une tendance bien connue sur le continent : celle où les transitions militaires finissent rarement par s’effacer d’elles-mêmes.

 

Pour ses partisans, cette candidature est synonyme de continuité et de stabilité. Ils voient en lui l’homme fort, capable de préserver la cohésion d’un pays souvent traversé par les tensions ethniques et les calculs politiques. Ils saluent ses réformes dans l’armée, ses discours souverainistes et son refus affiché d’ingérences extérieures.

 

Mais pour ses détracteurs, cette décision sonne comme une trahison de la parole donnée. Le général, qui s’était présenté comme un restaurateur de la démocratie, devient à leurs yeux un prétendant au pouvoir civil par la voie électorale, usant de l’appareil d’État qu’il contrôle depuis quatre ans. Dans un climat où les opposants peinent à se faire entendre, où la presse reste sous surveillance et où la peur de la répression persiste, la compétition s’annonce inégale.

 

La candidature de Mamadi Doumbouya relance donc une question fondamentale : la Guinée est-elle réellement en marche vers une démocratie consolidée, ou rejoue-t-elle le scénario d’un pouvoir militaire converti en pouvoir civil ?
Le scrutin du 28 décembre ne sera pas seulement une élection. Il sera un test de sincérité pour la transition, un révélateur de la maturité politique du pays, et un avertissement pour tous ceux qui, sur le continent, confondent refondation et prolongation.

 

L’histoire retiendra peut-être ce jour comme celui où Doumbouya a voulu transformer sa légitimité de soldat en mandat d’élu. Mais entre le sabre et l’urne, la frontière reste fragile. Et c’est là que se joue désormais l’avenir politique de la Guinée.

 

Par Yamyélé|Zoodomail.com

 

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