Burkina Faso-Devant le Tribunal : « J’ai pris une photo de la signature du chèque de mon patron, et… », déclare le prévenu

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Devant le Tribunal

Le mercredi 22 octobre 2025, Zerbo, chauffeur, a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I. Il est poursuivi pour faux en écriture privée et vol au préjudice de son patron, Douamba.

 


Courant septembre 2025, Zerbo a été interpellé pour avoir imité la signature de son patron afin de soustraire par chèque la somme de 4 800 000 F CFA. À la barre, ce mercredi, il a reconnu les faits.

 

Le tribunal lui demande :
— « Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Zerbo répond :
« Je travaille avec mon patron depuis cinq ans pour un salaire de 75 000 F CFA. Ma mère étant malade, j’ai vendu mon terrain non loti pour ses soins. Elle allait mieux, mais vers le mois de juillet, on m’a appelé pour me dire qu’elle était entre la vie et la mort. Elle réside en Côte d’Ivoire. J’ai demandé de l’aide à mon patron, il m’a dit qu’il allait voir, mais après trois relances, il n’a pas réagi.

Un jour, le patron m’a envoyé régler une facture au garage avec un chèque. J’ai pris une photo de la signature du chèque. Ensuite, lorsque j’ai eu accès à son bureau, j’ai soutiré sept chèques. Le premier montant passé a été d’1 million, le deuxième 1 800 000 F CFA et le troisième 2 millions F CFA. J’ai envoyé 500 000 F CFA via le réseau, mais le transfert a échoué. Une voisine qui se rend souvent en Côte d’Ivoire a accepté de transmettre l’argent à ma mère. Le reste, je l’ai utilisé pour mes frais de visa pour l’étranger. »

 

L’imitation de la signature et l’usage de l’argent


Le tribunal demande :
— « Comment avez-vous procédé pour imiter la signature ? »
Zerbo répond :
« J’ai utilisé un cahier pour m’exercer et fait plusieurs essais avant de réussir. »

— « Comment l’argent a-t-il été utilisé ? »
« J’ai envoyé 4 millions à ma mère et 600 000 F CFA pour les frais de visa. Les 200 000 F CFA restants sont encore disponibles. »

Le tribunal rappelle que lors de l’enquête, Zerbo avait déclaré avoir utilisé une partie de l’argent pour acheter des habits.
— « Donc la thèse de la maladie de votre mère ne tient pas ? »
— « Effectivement, j’ai fauté », reconnaît-il.

 

Le tribunal souligne :
« La mère ne se sent pas malade, vous cherchez un visa, vous faites du commerce et vous voulez quitter le pays. Où se trouve la vérité ? Aucune preuve ne le confirme. Et lorsque vous avez pris le chéquier, vous n’avez pas fait un chèque de 4 millions comme vous l’aviez laissé croire pour les soins de votre mère. Sans votre interpellation, vous auriez continué à retirer l’argent du patron. »

Zerbo se défend encore :
« J’ai acheté des marchandises ici au Burkina et le commerçant en Côte d’Ivoire devait remettre l’argent à ma mère. »
Le tribunal demande alors le reçu d’achat, mais Zerbo répond que le chauffeur est parti avec et qu’il n’a pas de copie.

 

 Observations du procureur


Le procureur s’adresse à Zerbo :
« Vous avez retiré 4 800 000 F CFA de votre patron, de l’argent qui ne vous appartenait pas. C’est ça le vol. Il vous a fait confiance et vous le volez. Il n’était pas obligé de vous donner cet argent, il fallait patienter. Pour 4 800 000 F CFA, vous risquez de perdre votre emploi et de salir votre casier judiciaire. »

Selon le représentant de la victime, Zerbo avait demandé une avance, mais pas pour soigner sa mère ; il n’avait parlé de sa maladie qu’après coup. Le père de Zerbo confirme qu’il n’était pas au courant.

Zerbo explique :
« J’ai bien demandé au patron et peut-être qu’il a oublié. Mon père n’est pas au courant de la maladie de ma mère car ils ne sont plus ensemble depuis plusieurs années. »

 

La victime s’est constituée en partie civile et réclame 4 800 000 F CFA.


Le procureur a déclaré :
« Zerbo est poursuivi pour faux en écriture privée et vol. Il a reconnu les faits lors de l’enquête. Il a imité la signature avec dextérité et a soutiré de l’argent à plusieurs reprises. La victime a subi un préjudice, d’où sa constitution en partie civile. Zerbo n’est pas le seul enfant de sa mère ; il ne devait pas agir ainsi. Il aurait continué à voler. »

Le parquet a requis pour Zerbo 24 mois de prison, dont 12 mois ferme, et une amende ferme de 1 000 000 F CFA.

 


Dans son verdict, le Tribunal de grande instance de Ouaga I a reconnu Zerbo coupable des faits à lui reprochés.
Il est condamné à 24 mois de prison, dont 12 mois ferme, et à une amende ferme de 1 000 000 F CFA.
Il doit également rembourser à la victime la somme de 4 800 000 F CFA.

 

Par Zaire Sanffo|Zoodomail.com

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