Le jeudi 20 novembre 2025, Sanfo a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I pour recel de biens et d’argent appartenant à Pagbelem, victime d’un braquage. À la barre, le prévenu a nié toute implication, affirmant avoir été utilisé à son insu.
Courant l’année 2025, Zongo, un jeune Burkinabè résidant au Bénin, a contacté Sanfo et lui a transféré la somme de 2 050 000 FCFA. Selon l’enquête, cet argent provenait d’un braquage survenu vers le barrage de Tanghin, au préjudice de Pagbelem.
À l’issue d’investigations menées par la Brigade spéciale d’investigation anti-terroriste (BSIAT), une moto a été retrouvée chez Sanfo. Les enquêteurs ont également établi que les fonds transférés étaient issus du vol.
Les explications de Sanfo à la barre
Interrogé par le Tribunal, Sanfo a expliqué :
« Zongo est un voisin du quartier. Il m’a demandé de me renseigner sur le prix d’une moto et m’a envoyé l’argent en juillet 2025. Il est rentré au pays en août. »
À la question de savoir ce qui les liait, il a répondu :
« C’est juste un voisin, pas trop de relations. Je suis son grand frère du quartier. »
Le Tribunal s’est étonné qu’un jeune de 20 ans, se disant engagé dans des activités immobilières, dispose de telles sommes. Sanfo a reconnu :
« C’est une erreur de ma part de l’avoir cru. »
Concernant son pseudo « Bill Gates », il a déclaré s’en inspirer, tandis que sur les soupçons de distribution d’argent par Zongo, il a affirmé n’avoir vu cela que sur les réseaux sociaux.
Le Procureur a insisté :
« N’est-il pas suspect que Zongo passe par vous pour ses affaires ? »
Sanfo a répondu :
« C’est seulement après mon arrestation que j’ai compris que j’avais été utilisé. »
Il a également indiqué que Zongo lui avait transféré de l’argent environ quatre fois, pour un montant total proche de 3 millions de FCFA.
La partie civile parle de stratégie de défense
Dans sa plaidoirie, l’avocat de la victime a estimé que les faits étaient constants :
« Après le braquage au barrage de Tanghin, Zongo a remis des biens à Sanfo. Il conteste aujourd’hui les procès-verbaux alors qu’il est intellectuel. Il pouvait refuser de signer s’il y avait contrainte. »
L’avocat a également soutenu que Sanfo avait utilisé la photocopie de sa propre CNIB pour établir le reçu d’achat de la moto, prétendant que celle de Zongo était perdue, et pour effectuer des retraits d’argent.
Selon la partie civile, Pagbelem a perdu 64 millions de FCFA, et une somme de 3 600 000 FCFA serait passée par Sanfo pour l’achat de la moto et l’organisation de voyages. Elle a réclamé le remboursement de cette somme, 800 000 FCFA supplémentaires, ainsi que la moto saisie.
Réquisitions du ministère public
Dans ses réquisitions, le ministère public a soutenu que :
« Sanfo savait ce qu’il faisait. Les faits de recel sont constitués. La contestation à la barre relève d’une stratégie de défense. »
Le Procureur a requis 6 ans de prison dont 3 ans ferme, une amende ferme de 2 000 000 FCFA, ainsi que la confiscation des scellés, estimant que les faits étaient graves.
La défense plaide la négligence
Pour l’avocat de la défense :
« Les procès-verbaux n’ont de valeur qu’à titre de renseignement. Mon client connaissait Zongo, mais ignorait toute activité criminelle. Il a été négligent, certes, mais cela ne fait pas de lui un receleur. »
Il a affirmé que Sanfo n’aurait perçu que 10 000 FCFA dans cette affaire et qu’il s’agissait d’un entrepreneur habitué à des marchés de plusieurs centaines de millions de FCFA. La défense a demandé la relaxe ou, à défaut, la clémence du Tribunal.
Le verdict
Dans son verdict, le Tribunal de grande instance de Ouaga I a reconnu Sanfo coupable des faits de recel. Il l’a condamné à 12 mois de prison dont 6 mois ferme, assortis d’une amende de 500 000 FCFA avec sursis. Le Tribunal l’a également condamné à verser à la partie civile la somme de 10 000 FCFA à titre de dommages-intérêts, ainsi que 350 000 FCFA pour les frais exposés.
Par Zaïre Sanffo|Zoodomail.com
- Log in to post comments
