Art : « Pour être un bon danseur, il faut être intelligent, il faut avoir un certain niveau d’études pour pouvoir vraiment exercer », Ousmane Diallo, danseur professionnel

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La danse

Star 226, est une rubrique qui part à la découverte des aspirations profondes des jeunes. Elle vise à promouvoir leur savoir-faire ainsi que leurs abnégations à sortir de l’ombre afin de montrer au monde leurs talents.

 

Aujourd’hui, notre star 266 est un danseur hors pair. Danseur chorégraphe et performeur de son Etat, il a rencontré des difficultés non-négligeables qui lui ont permis de forger son intellect. Il s’agit de Ousmane Diallo, qui a fait de la danse son métier.

 

Depuis sa tendre enfance, Ousmane Diallo dit «Dialby» comme petite appellation a nourri cette passion. Pendant ses études secondaires, il a tout de suite su qu’il allait faire de la danse son métier. Après l’obtention de son baccalauréat, il décide de se professionnaliser en faisant des formations dans ce sens. Il réside dans la ville de Sya (Bobo Dioulasso) où il s’est professionnalisé depuis 2016.

Cela n’a pas été facile selon celui-ci, vis-à-vis des multiples plaintes de sa famille. Mais il a continué de suivre sa voie de prédilection. « Je pense que j’ai été mon propre motivateur, parce qu’il fut un temps où je me scolarisais à travers la danse. Mes parents étaient réticents, surtout mon père. J’ai commencé à me scolariser en troisième parce que pour lui, je pars à l’école pour danser donc si je n’y vais plus, je ne vais plus danser » déclare-t-il.

L’élément précurseur qui va vraiment bouleverser sa vie de danseur est quand il s’apprêtait à décrocher un grand rôle dans un spectacle en étant toujours sur les bancs. Mais, malheureusement cela est tombé à l’eau, car son père a su par le biais du directeur de son école qu’il séchait les cours pour se préparer à réaliser son rêve.

Dialby

« Il y a un réseau de jeunes danseurs de Bobo, c’est-à-dire une structure qui gère la danse à Bobo. Le délégué a pensé à moi et il m’a inscrit. Je n’étais même pas au courant. J’étais en classe, il m’a appelé pour m’informer. En ce moment, j’étais en classe de première, et les cours étaient de 9 h à 13 h et de 15 h à 17 h, donc forcément, il fallait laisser tomber les cours ».

Il ajoute que « le stage était prévu pour deux semaines. La deuxième semaine, c’était le casting et la chorégraphe était une personne de couleur, elle voulait quatre personnes pour un projet en Belgique pour deux ans. J’ai commencé le stage et tout, et je pense que c’est le cinquième jour de la formation que mon père a su que je ne partais pas à l’école. C’est le directeur qui l’a appelé  informer. Quand je suis rentré le soir, il m’a fait asseoir, tout fâché, et a dit des choses que j’ai mal pris ».

Ce sermon a déjoué le projet de la Belge, qui, à un moment donné, a pensé que Dialby n 'était pas strict dans ses décisions.

 

Pour être un danseur, il faut être intelligent…

 

Convaincu, qu’il sortira un jour la tête sous l’eau, et montrer à ses parents que ce métier peut nourrir son homme, il a décroché un contrat qui lui a rapporté une somme assez conséquente. « J’ai été rémunéré après un cours que j’ai donné à des blancs. Je suis rentré avec deux sacs de riz, et de l’huile et je lui ai remis une enveloppe (son père), il m’a demandé ou est-ce que j’ai trouvé cet argent, et je lui ai dit que cela venait de la danse. Depuis ce jour, il a compris que c’est un métier qui peut nourrir son homme », confie-t-il.

 

À ceux qui pensent que la danse n’est pas un métier comme les autres, Dialby donne son avis. « Certains disent que ce sont les gens qui ont raté leurs vies, qui sont des danseurs. J’aimerais dire à ceux-ci que pour être un bon danseur, tu ne peux pas être bête, il faut être intelligent, il faut avoir un certain niveau d’études pour pouvoir vraiment exercer ce métier parce que ce n’est pas juste le corps qui parle. En matière de danse, c’est aussi la tête ».

Il conseille à tous ceux qui veulent faire de la danse leur métier de se former. Car si l’on aime ce qu’on fait, l’on cherche à pousser ses connaissances, ainsi que la réflexion. Pour montrer aussi qu’on peut réussir sa vie, Dialby prend pour exemple ses devanciers, connus à l’international.

« Je prends le cas de Serge Aimé Coulibaly, c’est l’un des monuments de la danse dans le monde. Il y a aussi Salia Sanou , Irène Tassembedo. Aujourd’hui, il y a des jeunes qui montent comme Djibril Ouattara, Yaya Sanou et bien d’autres ». Il ajoute qu’il « y a des gens qui ont un doctorat en danse, il y a aussi la licence. Moi, je suis à ma licence. Juste vous dire que cela s’apparente à l’école. Tant que tu n’as pas les idées claires de ce que tu veux honnêtement, c’est là certains pensent que ce n’est pas un métier».

Il y a des structures, des associations comme Mbomen, qui signifie en langue fulfudé  "Dansons". Pour lui, cette association valorise la danse et permet aux jeunes de faire valoir leurs talents. « C’est une jeune structure parce que les jeunes ont compris qu’il faut ce genre d’initiative pour montrer ce que nous faisons comme travail. Il y a des cellules dans presque toutes les régions du Burkina et à chaque fin d’année, nous faisons des réunions pour savoir ce qu’on peut innover. Cela nous a amenés à créer des performances dans les rues, puisque la danse n’est pas assez connue, et nous allons donc vers la population. Parce que quand on fait les spectacles dans les salles réservées pour cela, on ne se retrouve qu’entre danseurs. C’est pourquoi nous choisissons un lieu public pour faire nos démonstrations. Juste pour les montrer que nous sommes là, nous existons. Je pense que cela commence à changer, même si c’est dans 10 ans, les gens vont comprendre que la danse est un métier noble », estime Dialby.

 

Pour celui-ci, dans toute chose, il faut y mettre du cœur, de la persévérance et aussi aimer ce que l’on fait. « Il faut le faire avec courage et abnégation, il faut se dire que c’est un métier qui n’est pas accepté et pour cela, je dois me battre pour qu’on le reconnaisse, savoir que ce métier n’est pas pour les vauriens, mais pour des gens qui ont de l’imagination. Tant que tu ne débordes pas d’imagination, tu ne seras qu’un figurant. L’artiste aussi, c’est d’avoir les yeux ouverts sur tout ce qui se passe autour de lui », conclut-il.

 

Nefertari Ouedraogo

Zoodomail.com

 

 

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