Educations et cultures africaines : traditions et des coutumes moosé de Busma

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Mossé

Le 06 mai 2024, le décret n°2024-500 instituait la journée des coutumes et traditions pour réaffirmer la laïcité de l’Etat, offrir aux adeptes de la religion traditionnelle un cadre de promotion des valeurs et des pratiques ancestrales et susciter une communion fraternelle entre les adeptes de la religion traditionnelle et la population. L’intention du gouvernement est d’encourager une culture de la tolérance entre les adeptes des religions dites révélées et ceux de la religion traditionnelle. Cet article a pour but de présenter les réalités traditionnelles et coutumières dans le Riungu de Busma. 

Les traditions renvoient à des pratiques anciennes ancrées dans la vie des populations du royaume. Les termes « rogên-miki » (ce qu’on est né trouvé) ou « Kudumdé » (traditions) traduisent ces pratiques qui ont traversé le temps à travers une transmission de génération en génération. Dans le Riungu de Busma, les populations pratiquent une agriculture traditionnelle, préparent des mets traditionnels, jouent des instruments de musique traditionnels et disposent de danses traditionnelles. Malgré une modernité qui gagne du terrain, une grande partie de la population mène une vie traditionnelle. Le kéoogo est une école traditionnelle dont les contes, les proverbes, les devinettes et les récits historiques constituent l’essentiel du contenu. Par une approche pédagogique holistique, le kéoogo s’appuie sur les connaissances et comportements traditionnels pour construire des femmes et des hommes de demain capables de s’appuyer sur l’héritage traditionnel pour relever les défis du monde moderne. 

La coutume peut être présentée comme la religion pratiquée dans l’univers traditionnel. Les tengsobendamba, prêtres du royaume, exécutent les rites et contribuent à pérenniser les croyances traditionnelles. Ils sont les intermédiaires entre le monde des vivants, le monde des morts et le monde divin. La spiritualité moaaga reconnaît une continuité entre ces trois mondes qui sont interdépendants. Ils se rendent des services mutuels. Les vivants sollicitent l’intermédiation des morts pour bénéficier de la protection de Dieu. Morts, les ancêtres continuent d’influencer l’existence des vivants. Ils sont proches de Dieu et intercèdent au profit des vivants. La coutume est le domaine par excellence du sacré. 

Les fêtes donnent à voir à la fois la tradition et la coutume. Elles se partagent la matinée et la soirée, le jour et la nuit. Le naab-kitoaga, grande fête du royaume, donne à voir la tradition la journée à travers la salutation des kombèèmba (chefs de canton) et des rimbiisi (princes). Au crépuscule et jusque tard dans la nuit, la coutume s’exprime à travers les interventions des trois pierres. Ces trois pierres sont des notables qui assurent la protection et la continuité du pouvoir politique traditionnel. Le premier d’entre eux réside à Kugr-Zugu et préside le collège électoral qui désigne le Rima. Il est issu des premiers accompagnants des conquérants moosé qui se sont implantés dans la région depuis la création de l’entité politique. Le second s’occupe des affaires coutumières et est issu des autochtones. Il donne une essence surnaturelle au pouvoir politique traditionnel. Le troisième chef fonctionnel est le haut commandant des forces armées royales. Il assure la défense du territoire du Riungu. Il incarne la force. Le système s’inscrit dans la durabilité grâce à cette complémentarité fonctionnelle.  

Les rites sont destinés aux ancêtres et à Dieu. Les festivités unissent les vivants. Pour Dieu, pour les ancêtres et pour les vivants, les fêtes constituent un pont, un cadre de communion en esprit. Dans l’univers des Moosé de Busma, les ancêtres et les vivants appartiennent au même monde. Ils demeurent dans une solidarité dynamique et les fêtes coutumières constituent des occasions d’action de grâce. Le but des cultes est de favoriser l’harmonie et l’équilibre des relations réciproques entre les Moosé, les ancêtres et Dieu par le canal des commémorations traditionnelles. C’est le moment privilégié pour communiquer avec l’au-delà. La religion devient un moyen d’expression qui permet à l’homme de se saisir dans ses rapports les plus intimes avec l’univers. Les fêtes symbolisent les liens réels qui existent entre les nakombsé et les autochtones. Par les réjouissances populaires, les fêtes redonnent une certaine vitalité à l’existence des communautés du royaume et expriment leur solidarité les unes envers les autres. Elles participent à consolider la cohésion sociale. Les festivités rassemblent des troupes musicales et des artistes du royaumes et de contrées lointaines venus chantés les louanges de la royauté. 

Les fêtes sont une occasion de montrer de la hauteur et de la différence, de la distance et du rapprochement. Elles permettent une rencontre entre les coutumes et les traditions. Elles offrent un temps où les traditions et la modernité forment un tout harmonieux. Le naab-kitoaga donne vie et sens à la culture de la tolérance religieuse et du dialogue interculturel.

Busm Kéoog-naaba Koobo (Historien) 

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