
Le mardi 13 mai 2025, O. Abdoul Kader et K. Bassirou ont comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga 1 pour répondre des faits de détention, consommation et vente illégale de cannabis. En outre, des accusations de mise en danger délibérée de la vie d’autrui pesaient également sur O. Abdoul Kader.
À la barre, K. Bassirou a reconnu les faits tandis que son coaccusé a formellement nié toute implication.
Les faits remontent au 27 mars 2025, date à laquelle les deux hommes ont été appréhendés pour possession et vente de cannabis. Une quantité de 1,8 kg a été retrouvée sur K. Bassirou. Ce dernier a expliqué que la drogue appartenait à O. Abdoul Kader, qui lui aurait confié un sachet en lui précisant qu’une tierce personne viendrait le récupérer contre de l’argent. Il a déclaré qu’il agissait en tant qu’intermédiaire et que ce procédé s’était répété à au moins sept reprises. À chaque transaction, il déposait les sommes reçues allant de 300 000 à 500 000 FCFA sur le compte Mobile Money de son complice, percevant une commission de 80 000 FCFA par opération.
Déjà condamné en 2024 à 24 mois de prison, dont 6 mois ferme, pour des faits similaires, O. Abdoul Kader a nié en bloc les déclarations de son coaccusé. Il a soutenu que les transferts d’argent provenaient de son activité de vente en ligne, sans pour autant en préciser la nature. Le tribunal lui a rappelé que des éléments compromettants avaient été saisis à son domicile : une balance électronique et des emballages servant au conditionnement du cannabis. L’analyse de sa messagerie a en outre révélé un virement de 2,5 millions de FCFA effectué par K. Bassirou, corroborant les déclarations de ce dernier.
Concernant les faits de mise en danger délibérée de la vie d’autrui, le procès-verbal de la gendarmerie indique qu’au moment de son interpellation, O. Abdoul Kader a lâché deux pitbulls sur les agents. Ces derniers ont dû faire usage de leurs armes pour neutraliser un des chiens, pendant que le prévenu s’enfuyait en escaladant un mur. À la barre, il a donné une version différente : selon lui, les gendarmes auraient violemment saisi son bras dès l’ouverture de la porte, ce qui aurait déclenché l’attaque instinctive des chiens, dressés pour sa protection.
Pour le procureur, il s’agit bel et bien d’une mise en danger délibérée, le prévenu n’ayant pas tenté de maîtriser ses chiens, préférant fuir. Il a par ailleurs estimé que les faits de vente de cannabis étaient établis au vu des preuves matérielles et des témoignages.
Le ministère public a requis 36 mois de prison ferme et une amende d’un million de FCFA contre O. Abdoul Kader, ainsi que la révocation de son sursis de 18 mois, prononcé en 2024. À l’encontre de K. Bassirou, il a demandé 36 mois de prison dont 24 mois ferme, ainsi qu’une amende de 500 000 FCFA assortie de sursis.
La défense d’O. Abdoul Kader a plaidé l’absence de preuves directes, notant qu’aucune drogue n’a été saisie à son domicile. Selon elle, les objets retrouvés (balance, emballages) ainsi que les transferts d’argent ne constituent pas une preuve suffisante d’activité illégale. Concernant l’incident avec les chiens, l’avocat a affirmé que son client a été surpris et que les chiens ont agi pour le défendre.
Pour sa part, la défense de K. Bassirou a dénoncé une réquisition disproportionnée. Elle a mis en avant la coopération de son client tout au long de l’enquête, insistant sur sa volonté de rédemption, et a sollicité une peine assortie du sursis.
Après délibération, le Tribunal a condamné K. Bassirou à 24 mois de prison dont 12 mois ferme et une amende ferme d’un million de FCFA. O. Abdoul Kader, quant à lui, a écopé de 24 mois de prison ferme, assortis d’une amende d’un million de FCFA, ainsi que de la révocation de son sursis de 18 mois, portant sa peine totale à 42 mois de prison ferme.
Image illustative
Par Ahmadou SERIGNE|Zoodomail.com
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