
Le mercredi 4 juin 2025, B.Kadré, B. Souleymane et B. Idrissa ont comparu devant la chambre correctionnelle du pôle économique et financier du Tribunal de grande instance Ouaga I. Ils étaient poursuivis pour fraude à la commercialisation de l’or et blanchiment de capitaux.
À la barre, B. Kadré, commerçant de céréales depuis plus de 15 ans, explique avoir été introduit dans le secteur de l’or par un partenaire malien nommé Soya Golf. Ce dernier lui aurait confié la gestion d’un site d’exploitation au Mali, en l’envoyant régulièrement de l’argent pour payer les salaires et les dépenses. Par la suite, il dit avoir tenté l’orpaillage artisanal au Burkina Faso. « Je faisais partie d’une association d’artisans miniers. C’est lors d’un contrôle qu’on m’a dit que j’étais en situation de fraude », a-t-il déclaré. Il affirme n’avoir obtenu que du minerai, sans parvenir à de l’or exploitable.
Le parquet s’est intéressé à un virement de plus de 200 millions de francs CFA reçu sur son compte depuis le Mali, soupçonné d’être lié à un trafic d’or et à un blanchiment de capitaux. B. Kadré a affirmé que les fonds provenaient de ses activités légales avec son partenaire malien.
Son fils, B. Souleymane, est poursuivi pour complicité. Lors de l’arrestation de son père, il aurait brisé un coffre au domicile familial pour en cacher l’argent. Il a expliqué avoir cru à une tentative de braquage. Mais pour le parquet, il était conscient que son père était impliqué dans des affaires illégales.
Quant à B. Idrissa, il reconnaît avoir travaillé dans l’or au Mali sans documents, et avoir tenté la même chose au Burkina, sans succès. Il affirme n’avoir rien gagné de l’exploitation locale.
L’agent judiciaire de l’État, constitué partie civile, a réclamé solidairement 400 millions de francs CFA de dommages et intérêts, estimant que les prévenus auraient dû déclarer leurs activités et s’acquitter des taxes.
Dans ses réquisitions, le parquet a estimé que les faits de commercialisation illégale de l’or et de blanchiment de capitaux étaient constitués. Il a évalué la valeur des flux financiers suspects à plus de 300 millions de francs CFA. Il a pour sa part, requis 36 mois de prison ferme contre les trois hommes, assortis de lourdes amendes :
- 963 600 000 F CFA chacun pour B. Kadré et B. Souleymane,
- 669 000 000 F CFA pour B. Idrissa,
et un mandat de dépôt immédiat.
Les avocats des prévenus ont plaidé la relaxe, dénonçant l’absence de preuves concrètes de fraude ou de blanchiment.
Dans leurs derniers mots, les prévenus ont plaidé pour leur avenir :
« Aidez-nous à travailler pour le pays. J’ai 15 enfants à nourrir », a lancé B. Kadré.
« C’est gâté pour nous si on nous condamne », a ajouté B. Souleymane.
« Je ne comprenais rien dans le secteur, ce n’est pas comme au Mali », a déclaré B. Idrissa.
Le mercredi 11 juin 2025, le Tribunal a rendu son verdict dans l’affaire de commercialisation illégale de l’or et de blanchiment de capitaux impliquant B. Kadré, B. Souleymane et B. Idrissa. À l’issue de l’audience, les trois hommes ont été relaxés au bénéfice du doute. Le Tribunal a également déclaré irrecevable la constitution de partie civile de l’État et mis les dépens à la charge du Trésor public.
Au sortir de la salle d’audience, les prévenus, qui bénéficiaient jusque-là d’une liberté provisoire après plusieurs mois passés en détention, ont laissé éclater leur soulagement. Sourires en coin, regards levés vers le ciel, certains n’ont pu retenir leurs larmes : « Dieu merci. »

Par S.Soubila|Zoodomail.com
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