
Le 18 juillet 2025, T. Mariam, 28 ans, célibataire et mère de trois enfants, a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouag I pour des faits d’escroquerie portant sur la somme de 2 265 000 FCFA. À la barre, elle a reconnu les faits qui lui sont reprochés.
L’affaire remonte à mai 2025. Mariam se rend dans un kiosque mobile money tenu par dame Ouédraogo, sous prétexte de vouloir effectuer un dépôt d’un montant important. Pour contourner la limite de dépôt, l’opération se fait par tranches de 369 000 FCFA. Après trois transactions, la gérante commence à réclamer le versement physique de la somme.
Mariam, pour gagner du temps, exhibe son sac en laissant entendre qu’elle détient l’argent. Puis, elle reçoit un appel d’un interlocuteur qui lui demande de faire déposer le reste sur un autre numéro. À la demande de cette voix au téléphone, elle transmet l’appareil à la gérante qui effectue les trois derniers dépôts, soit un total de six dépôts équivalant à 2 265 000 FCFA. Mais Mariam n’avait aucun sou.
Une mise en scène bien orchestrée
La gérante, réalisant trop tard la supercherie, contacte son opérateur téléphonique, qui l’informe que les fonds ont déjà été retirés. Elle porte plainte et l’enquête conduit à l’arrestation de Mariam. À son arrivée au commissariat, son frère aurait soupiré : « Tu t’es encore fait avoir ».
Dans ses explications, Mariam a déclaré qu’elle exerçait auparavant dans le commerce en ligne, mais que ses affaires ne marchaient plus. Quelqu’un lui aurait alors promis de l’aider financièrement, ce qui l’a poussée à se rendre dans un kiosque de mobile money pour effectuer des opérations.
Appelée à la barre, le procureur a interrogé dame Ouédraogo, la gérante du kiosque : « Qu’est-ce qu’on vous a dit pendant les formations ? » En réponse, un long silence. Le procureur a alors insisté :
« Vous auriez dû enregistrer son identité, encaisser l’argent avant de poursuivre l’opération. Une erreur peut arriver une fois, mais là, vous avez effectué jusqu’à six dépôts sans encaissement. Si vous étiez employée, votre patron vous aurait poursuivie. Nous recevons de nombreuses plaintes similaires. »
Le tribunal s’est ensuite tourné vers la prévenue :
« Quand on va effectuer un dépôt, doit-on ou non disposer de l’argent requis ? »
« Oui », a répondu Mariam.
« Alors pourquoi êtes-vous venue sans argent cette fois ? », a relancé le président. La prévenue est restée muette. Elle a également nié avoir affirmé à la gérante qu’elle avait l’argent dans son sac.
Au titre des réclamations, dame Ouédraogo a demandé le remboursement intégral du montant détourné, soit la somme de 2 265 000 FCFA.
Pour le parquet, l’escroquerie est manifeste dès le troisième dépôt. Il rappelle que Mariam a fait croire à la victime qu’elle avait l’argent, alors qu’elle savait qu’elle ne possédait rien. Il estime aussi que la réaction du frère prouve qu’elle n’en est pas à son coup d’essai. Il requiert une peine de 24 mois de prison, dont 18 mois fermes, assortie d’une amende ferme de 1 000 000 FCFA.
Verdict : 12 mois ferme et remboursement imposé
Dans sa dernière déclaration, Mariam a imploré la clémence du tribunal, demandant pardon à la victime et promettant de retrouver l’auteur réel de la manipulation pour rembourser les fonds.
Le tribunal, après délibération, l’a reconnue coupable d’escroquerie. Elle écope de 12 mois de prison ferme, d’une amende de 500 000 FCFA avec sursis, et d’une obligation de rembourser intégralement les 2 265 000 FCFA à dame Ouédraogo, sous peine d’une contrainte judiciaire de six mois.
Par Reine Zongo|Zoodomail.com
- Log in to post comments