
Le vendredi 3 octobre 2025, Sawadogo, tradi-praticien, Nabalima, gendarme, et Zemba, gérant de maquis, ont comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I. Ils étaient poursuivis pour séquestration et vol aggravé au préjudice de Zonon, orpailleur.
Selon le dossier, les faits remontent au mois d’août 2025. Ce jour-là, Zonon, en partance pour Nangrego, s’est arrêté dans un maquis à Tampouy pour se rafraîchir. Il y aurait consommé des boissons sans solder la note. Le gérant du maquis, Zemba, l’a alors poursuivi pour facture impayée. Dans les parages se trouvait le gendarme Nabalima, qui a interpellé Zonon et l’a confié au tradi-praticien Sawadogo. C’est à la suite de cet incident que la victime a porté plainte contre les trois hommes pour séquestration et vol de son téléphone portable, ainsi que pour un retrait frauduleux de 440 000 F CFA de son compte mobile money
Les versions des prévenus
Invité à s’expliquer, Nabalima a déclaré : « Je ne reconnais pas les faits de vol ni de séquestration. Pour l’argent, c’est lui-même qui m’a donné son code. J’ai retiré les fonds pour l’aider. Zonon m’a expliqué qu’il avait eu une altercation avec des gens et qu’il craignait pour sa sécurité. Je l’ai donc fait asseoir devant un kiosque avant de l’amener dans un centre de santé. Il m’a demandé de retirer 440 000 F CFA : 220 000 F pour les soins et le reste pour d’autres dépenses. »
De son côté, Sawadogo a expliqué : « J’étais avec Nabalima lorsqu’il a interpellé un jeune et m’a dit de le garder le temps d’aller au maquis. Plus tard, on m’a dit que le jeune était souffrant. Nabalima l’a conduit au dispensaire. Après son traitement, il est venu chez moi pour se laver, puis nous sommes allés chez Nabalima. C’est là qu’il a donné son code et Nabalima a retiré l’argent. Ce dernier m’a ensuite remis 50 000 F CFA. »
Selon la version du gérant, à la question du procureur, il a expliqué avoir payé huit bouteilles de Must et réglé seulement quatre. Il poursuivait donc Zonon pour les quatre bouteilles non payées, d’une valeur totale de 20 000 F CFA.
Le tribunal a demandé à Nabalima : « Pourquoi l’avoir emmené de Tampouy à Yagma ? »
« C’était pour l’éloigner de la foule », a-t-il répondu.
Selon le dossier, le tribunal a relevé : « Vous l’avez conduit à l’hôpital, puis vous êtes retournés au maquis jusqu’à 18 heures. Après, il a fui. C’est le lendemain que vous avez organisé l’opération de retrait, en déposant de l’argent sur son compte puisque vous aviez son numéro, et vous avez découvert qu’il détenait 440 000 F CFA », a constaté le tribunal d’après l’enquête.
Le gendarme Nabalima a déclaré qu’un technicien qui l’avait aidé à effectuer le retrait avait pris 220 000 F CFA, et qu’il avait gardé les 220 000 F restants pour soigner la victime. Une version qui, selon le tribunal, n’a pas été vérifiée.
Il convient de noter que la victime, Zonon, était absente lors du procès.
Dans ses réquisitions, le procureur a rappelé les faits : « Zonon se rendait dans un village pour se soigner. Il a fait escale dans un maquis où se trouvaient Sawadogo, tradi-praticien, et Nabalima, gendarme, des partenaires de jour comme de nuit. Zemba, le gérant du maquis, poursuivait Zonon pour une facture impayée. Nabalima l’a alors interpellé et a appelé Sawadogo. Ensemble, ils l’ont copieusement battu. Il vomissait du sang. Ils lui ont retiré son téléphone. Après plusieurs tentatives de retrait infructueuses, le compte a été bloqué. Zonon a été maltraité dans un lieu privé, pas dans une brigade, et a reçu plusieurs coups. »
Le procureur a ajouté : « Concernant Zemba, lorsque Nabalima s’est présenté, il a laissé Zonon entre ses mains. Il existe donc un doute sur les faits de séquestration et de vol aggravé. Qu’il soit relaxé au bénéfice du doute. En revanche, pour Sawadogo, l’enquête montre qu’il a estimé que Nabalima, étant gendarme, agissait correctement. Je demande donc que Nabalima soit condamné à 60 mois de prison ferme et à une amende de 3 000 000 F CFA ferme. Sawadogo, à 60 mois de prison dont 24 mois fermes, et à une amende de 3 000 000 F CFA ferme également. »
Signalons que Zemba, le gérant du maquis, s’est présenté libre pour être jugé.
Le verdict
Dans son jugement rendu le 10 octobre 2025, le tribunal a renvoyé Zemba des fins de poursuite pour infraction non constituée, déclaré Nabalima et Sawadogo coupables de séquestration et de vol aggravé, condamné Nabalima à 36 mois de prison dont 24 mois ferme et à une amende de 1 000 000 F CFA assortie du sursis, et condamné Sawadogo à 24 mois de prison dont 12 mois ferme et à une amende de 1 000 000 F CFA assortie du sursis.
Remarques du juge
En conclusion, le président du tribunal a déploré le comportement du gendarme Nabalima, rappelant qu’en tant qu’officier de police judiciaire, il aurait dû protéger la victime au lieu de se rendre coupable de tels agissements.
Par Reine Zongo|Zoodomail.com
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