Le vendredi 7 novembre 2025, Dame Konaté a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I, Pôle économique et financier. Elle était poursuivie pour escroquerie et blanchiment de capitaux portant sur 430 495 000 FCFA au préjudice de Belem et 193 000 000 FCFA au préjudice de Zabré. Au cœur du dossier : un projet de création de centre de santé présenté comme soutenu par des bailleurs allemands et italiens, et qui aurait été proposé simultanément à plusieurs personnes.
À la barre, Dame Konaté a contesté avoir reçu les 430 495 000 FCFA attribués par Belem. Elle affirme n’avoir perçu de l’argent que dans le cadre d’une relation intime avec lui :
« Je ne reconnais pas avoir reçu cette somme. On sortait ensemble. L’argent qu’il me donnait servait à mes besoins personnels. »
Elle soutient que le projet présenté existe réellement, qu’un courrier aurait été adressé au ministère de la Santé, et que Belém souhaitait devenir président du conseil d’administration de son association. À propos de Zabré, elle explique que celui-ci s’était montré « impatient » et qu’elle avait commencé à le rembourser.
Les accusations de Belem
Belem raconte avoir découvert le projet par un intermédiaire. Convaincu, il dit avoir financé la construction d’une maisonnette sur un terrain et effectué de nombreux versements, censés servir à « sauver » un financement imminent. Selon lui, Dame Konaté réclamait continuellement de l’argent sans jamais présenter de bailleur potentiel.
Concernant leur relation, il dit avoir été piégé :
« Elle m’a dit qu’elle était seule depuis dix ans. Après un autre rendez-vous, je suis tombé dans le piège. »
Il affirme que la prévenue lui aurait déclaré qu’elle ne le rembourserait « jamais de son vivant ».
Le témoignage de Zabré
Zabré, autre victime présumée, dit avoir été séduit par l’ampleur du projet : un marché de 3 milliards, illustré par des photos et des documents techniques. Il déclare avoir fourni des fonds pour équiper un bureau, hypothéqué sa maison et vendu sa bétonnière.
« Elle avait une voix choyée. Je n’imaginais pas qu’elle pouvait faire ça », a-t-il expliqué.
Témoin à charge
Le témoin Zèba, prestataire de l’association dirigée par Dame Konaté, affirme avoir présenté Zabré à la prévenue. Il dit aujourd’hui ne plus croire à l’existence du projet. Une déclaration balayée par Dame Konaté.
Les plaidoyers
Les avocats de Belem et de Zabré ont dénoncé un « projet fictif », présenté à plusieurs personnes pour obtenir de l’argent, et des manœuvres destinées à tromper leurs clients. Ils ont demandé respectivement 430 495 000 FCFA et 193 000 000 FCFA de remboursement, ainsi que des dommages-intérêts.
Dans ses réquisitions, le procureur a estimé que le projet Miseror évoqué dans le dossier n’était « qu’un guide » et aucune preuve de financement. Selon lui, l’offre du même marché à plusieurs entrepreneurs constitue une manœuvre frauduleuse. Il a évalué le préjudice global à 667 405 000 FCFA et requis 48 mois de prison ferme et une amende de 2 002 215 000 FCFA.
La défense a plaidé la relaxe, estimant qu’il s’agissait davantage d’une relation sentimentale et de malentendus que d’escroquerie.
Le verdict
Rendu le 28 novembre 2025, le Tribunal de grande instance de Ouaga I a décidé de renvoyer les faits de blanchiment de capitaux aux fins de poursuites.
En revanche, Dame Konaté a été reconnue coupable d’escroquerie. Elle a été condamnée à 24 mois de prison, dont 12 mois fermes, ainsi qu’à une amende de 2 000 000 FCFA.
Les demandes des parties civiles ont été jugées partiellement fondées. Le tribunal a condamné la prévenue à verser 189 214 200 FCFA à Belem, 50 000 000 FCFA à Zabré et 1 000 000 FCFA au titre des frais exposés.
Par Zaïre Sanffo|Zoodomail.com
- Log in to post comments
