
Barké, père de cinq enfants, a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouagadougou I, le 16 septembre 2025, pour des faits de coups et blessures volontaires portés à l’encontre de Mahamadi à l’aide d’une machette.
En mai 2025, dans le quartier Zongo de Ouagadougou, Mahamadi était couché devant la porte de sa cour lorsqu’il a reçu subitement un coup de machette porté par Barké. La victime a réussi à se relever et à se défendre, mais a subi des blessures aux bras et à la tête. Le prévenu, Barké, a été arrêté par la police. À noter que, dans les premières semaines de sa détention, une suspicion de démence avait été évoquée et une expertise médicale avait été sollicitée.
Le tribunal face aux explications confuses de Barké
« Pourquoi avez-vous agressé Mahamadi ? », interroge le tribunal.
« Vraiment, je ne sais pas… ce sont des circonstances qui sont arrivées, j’ai vu la machette et c’est arrivé », répond Barké.
Le tribunal poursuit : « Et pourtant, devant le procureur, vous avez déclaré avoir emporté la machette de chez vous ? »
« Oui, ce sont des circonstances », rétorque le prévenu.
« Connaissez-vous la victime ? »
« Non. »
« Alors pourquoi l’avoir agressée ? »
« Vraiment, ce sont des circonstances. Il ne m’a rien fait », répond Barké.
Le tribunal insiste : « Vous ne saviez pas qu’il est interdit de porter des coups et de blesser quelqu’un ? »
« C’est à la MACO que j’ai pris conscience, sinon je ne le savais pas », répond le prévenu devant la juridiction.
Le tribunal donne ensuite la parole à la victime pour relater les faits :
« J’étais couché quand j’ai reçu soudainement le coup de machette. Heureusement, j’ai bloqué mon visage avec mes bras, sinon ça aurait pu être pire. Je me suis levé et je me suis défendu, mais j’ai eu des blessures à la main, à la tête et au bras. Nous habitons dans le même quartier depuis 2003. »
Le procureur s’adresse alors au prévenu : « Vous avez une femme et des enfants. Pourquoi ne les avez-vous pas agressés, et pourquoi avoir choisi Mahamadi ? Dites la vérité au tribunal. »
Barké répond : « J’ai dit auparavant que ce sont des circonstances. »
Dans ses observations, le ministère public fait remarquer : « Vous présentez probablement des troubles psychiques. Pourtant, quelqu’un qui est fou ne choisit pas ses victimes au hasard. Dites la vérité et demandez pardon au tribunal. Même si un féticheur vous a conseillé quelque chose, vous risquez gros. »
L’avocat du prévenu prend la parole et questionne son client :
« Dites au tribunal ce qui vous a poussé à agresser la victime. »
« C’est une situation qui est arrivée », répond Barké.
« Est-ce que vous vous sentez bien ? », insiste son avocat.
« J’ai souvent des crises et des problèmes », reconnaît le prévenu.
L’avocat du prévenu interroge ensuite la victime :
« Vous vous sentez mieux ? »
« J’ai toujours des maux de tête et j’entends faiblement », répond Mahamadi.
« Étiez-vous au courant que votre voisin, le prévenu, souffre souvent de crises ? »
« Non, je n’étais pas au courant », précise la victime.
Génies, crises et verdict du tribunal
Selon le premier témoin, M. Tassembedo, il connaît très bien les deux parties, qui sont voisins et prient dans la même mosquée. Le jour des faits, il était en déplacement. Il ajoute que le prévenu est souvent influencé par des génies et qu’il ne répond pas toujours aux salutations. Il connaît également très bien les parents de Barké, précisant que sa mère est également fréquentée par les génies.
« Qui vous a dit cela : un médecin, un marabout ? que des génies le fréquente, vous avez prêté serment, dites la vérité », questionne le tribunal.
« C’est mon point de vue », répond le témoin.
« Et sa mère a-t-elle déjà agressé quelqu’un avec une machette ? » poursuit le juge.
« À ma connaissance, non », répond M. Tassembedo.
Selon le deuxième témoin, M. Yanogo, oncle du prévenu, Barké avait perdu son emploi et il était clair qu’il avait des crises, sans que la famille n’ait approfondi leur nature. Le jour de l’incident avec la victime, il aurait cherché une corde, ne l’ayant pas trouvée, il aurait pris la machette et c’est ainsi que les faits se sont produits.
Dans ses réclamations, la victime demande le remboursement des frais médicaux s’élevant à 115 450 F CFA.
Pour ses réquisitions, le ministère public a indiqué que la victime a subi des coups et blessures volontaires et a eu la chance de se présenter devant le tribunal. Le prévenu a utilisé une machette, preuves à l’appui. L’état mental du prévenu n’a pas montré de document qui prouve son état de démence depuis le 17 juin 2025. À la barre, il a donné des réponses cohérentes. Bien que le prévenu ait des crises intermittentes, celles-ci ne constituent pas une démence. L’infraction est donc caractérisée. Le ministère public a demandé une mesure coercitive pour protéger les citoyens et a requis que Barké retourne en prison pour 12 mois, dont 6 mois ferme, avec une amende de 250 000 F CFA assortie du sursis.
Pour sa défense, l’avocat du prévenu a présenté les sincères excuses de Barké et souhaité un prompt rétablissement à la victime. Il a reconnu que son client avait commis l’acte et attendait l’expertise sur son état de santé mentale. Cependant, au vu des témoignages, il apparaît que Barké souffre de problèmes psychologiques intermittents. L’avocat a donc sollicité la clémence du tribunal, demandant une peine avec sursis. Concernant les réclamations de la victime, un accord amiable avait été envisagé pour un règlement rapide.
Pour son dernier mot, la victime a déclaré :
« Je demande pardon afin de pouvoir m’occuper de ma famille. »
Dans son verdict, le tribunal a reconnu Barké coupable des faits de coups et blessures volontaires sur la personne de Mahamadi. Il l’a condamné à 24 mois de prison, dont 6 mois ferme, ainsi qu’à une amende de 1 000 000 F CFA assortie du sursis. Le tribunal a également reçu comme fondées les réclamations de la victime et a condamné Barké à lui verser la somme de 115 450 F CFA pour les frais médicaux.
En conclusion, le juge a lancé un avertissement au prévenu :
« Nous ne nous impliquons pas dans les histoires de génies. Si vous en avez, rentrez chez vous avec eux et laissez vos voisins tranquilles. »
Par Reine Zongo|Zoodomail.com
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