
L’adoption à l’unanimité, le mardi 21 octobre 2025, par les députés de l’Assemblée législative de transition (ALT), du projet de loi portant réorganisation agraire et foncière marque bien plus qu’une simple réforme juridique. C’est un acte de souveraineté nationale, un signal fort adressé à ceux qui, depuis des décennies, ont vu la terre burkinabè comme un simple bien marchand à conquérir
Désormais, le message est clair : la terre appartient à l’État, donc au peuple.
Pendant longtemps, la question foncière a été une source de tensions, de spéculations et d’injustices sociales. Dans certaines zones rurales, des hectares ont été accaparés, des paysans dépossédés, des forêts transformées en propriétés privées, et des étrangers sont parfois devenus propriétaires là où les Burkinabè eux-mêmes peinaient à obtenir un lopin pour cultiver.
Avec cette nouvelle loi, le gouvernement rompt avec cette logique d’abandon et de désordre.
L’interdiction de la cession définitive des terres rurales aux étrangers, la digitalisation des procédures, ou encore la création d’un gestionnaire unique du domaine foncier sont autant de mesures qui visent à assainir un secteur gangrené par les passe-droits et la corruption.
Au-delà de la technique juridique, c’est une question de dignité nationale.
La terre, c’est la vie, l’identité et la mémoire du peuple burkinabè. Celui qui contrôle la terre contrôle l’avenir du pays. En reprenant la main sur le foncier, l’État affirme sa volonté de protéger les générations futures et de garantir une utilisation équitable et durable des ressources.
Mais cette réforme, aussi ambitieuse soit-elle, ne portera ses fruits que si elle est appliquée avec rigueur et justice.
Les textes d’application devront être clairs, accessibles et exempts d’ambiguïtés. Les agents chargés de les exécuter devront être formés, contrôlés et responsabilisés. Sans cela, les vieilles pratiques risquent de reprendre le dessus, et le rêve d’un foncier juste pourrait s’évanouir dans les méandres de la bureaucratie.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Dr Aboubakar Nacanabo, a promis une mise en œuvre rapide et efficace. Les Burkinabè attendent des actes, pas des discours.
Cette loi, si elle est bien appliquée, pourrait devenir l’un des legs les plus importants de la transition : celui d’un Burkina où chaque parcelle de terre, chaque mètre carré, porte le sceau de la souveraineté nationale et le respect de l’intérêt collectif.
Parce qu’en fin de compte, protéger la terre, c’est protéger le Burkina.
Par Yamyélé|Zoodomail.com
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