Burkina – Devant le Tribunal : il poignarde Jacques « sans le savoir » après avoir été agressé par six personnes

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Devant le Tribunal

Le mercredi 22 octobre 2025, Inoussa a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I pour coups et blessures volontaires avec une arme blanche, faits commis sur la personne de Jacques.

 

 

Dans la nuit du 29 septembre 2025, vers 23 heures, Jacques se trouvait devant une mercerie en compagnie du vendeur lorsqu’il a reçu un coup de couteau au flanc porté par un individu inconnu. Quelques mètres plus loin, l’auteur présumé, Inoussa, s’effondre également, blessé. Alertée, la police conduit Inoussa au commissariat tandis que Jacques est transporté dans un centre de santé pour des soins.

Les deux hommes se sont retrouvés devant le tribunal, ce mercredi, pour faire la lumière sur cette affaire.

 

À la barre, Inoussa raconte :

« Je suis vendeur de poissons et de gésiers. La nuit du 29 septembre, j’étais parti me ravitailler à côté de mon lieu de vente. En traversant une cour vide, j’ai été agressé par six personnes qui ont voulu m’arracher mon sac et mon portable. On s’est battu, ils ont réussi à prendre mon sac. Comme j’avais caché mon couteau, je m’en suis servi pour me défendre. Ils ont pris la fuite et je les ai poursuivis. J’étais blessé, j’avais des vertiges, le sang coulait partout. C’est dans cet état que j’ai blessé Jacques, sans le savoir. »

 

Le tribunal l’interroge :
« Jacques a reçu combien de coups et où ? »
« Un seul, au niveau du flanc. »
« Pourquoi aviez-vous un couteau sur vous ? »
« C’est mon outil de travail. Je l’utilise pour écailler les poissons et couper les gésiers. »
« Jacques ne faisait pas partie de vos agresseurs. Pourquoi l’avoir poignardé ? »
« J’avais des vertiges, c’était involontaire. »

 

Le tribunal lui fait alors observer :

« Si vous aviez vraiment des vertiges, pourquoi ne vous êtes-vous pas blessé vous-même ? »

Le procureur prend la parole :
« Vous avez été blessé ? »
« Oui, j’avais des blessures partout. »
« Pourquoi n’avez-vous pas porté plainte contre vos agresseurs, si vous les avez reconnus ? »
« Je me cherchais », réplique Inoussa.

 

Le procureur lui rappelle que, selon la police, il aurait bu du vin lors d’un anniversaire ce soir-là.
« Non, je n’ai rien bu », répond Inoussa. « Quand la police est venue m’arrêter, je pensais que c’était à cause de mes blessures. J’ai ensuite reçu des soins à la MACO. »

Le ministère public confirme que l’accusé présentait bien des blessures et que l’instinct de survie pouvait expliquer son comportement.

 

À son tour, Jacques, la victime, déclare :

« J’étais arrêté avec le boutiquier quand il m’a poignardé. Il est tombé juste après. Je n’ai pas connaissance d’une agression antérieure. Chez moi, ça va maintenant. »

Le procureur lui demande :
« Vous vous êtes approché de lui quand il est tombé ? »
« Non, je me cherchais aussi. »
« C’est normal », commente le procureur.

 

Un témoin, le vendeur de la mercerie, est également entendu :
« Vous connaissez Inoussa? »
« Non. »
« Et Jacques ? »
« Il est venu acheter des fils et des boutons. »
Mais le tribunal lui fait remarquer des contradictions entre sa déposition et ses déclarations à la police.

 

La victime, Jacques, s’est constituée partie civile et réclame 569 500 F CFA au titre des frais de soins.

 

Dans ses réquisitions, le ministère public estime que :

« C’est une situation malheureuse. Il existe des éléments qui plaident en faveur du prévenu Inoussa. Il s’est défendu, il n’a pas prémédité son acte. Il y a eu instinct de survie. Jacques a subi une blessure de 5 cm de profondeur pour 2 cm de largeur, avec 10 jours d’incapacité. Nous demandons que le tribunal fasse preuve de clémence et condamne Inoussa à 24 mois de prison avec sursis et à 300 000 F CFA d’amende ferme. »

 

Dans son verdict rendu le 5 novembre, le Tribunal de grande instance de Ouaga I a reconnu Simporé coupable des faits qui lui sont reprochés et l’a condamné à six (06) mois de prison et à une amende de 250 000 F CFA, le tout assorti du sursis. La réclamation de Jacques a été jugée partiellement fondée. En conséquence, Inoussa est condamné à lui verser la somme de 201 960 F CFA au titre des frais médicaux et 45 000 F CFA au titre du gain manqué.

 

 

Par Zaire Sanffo | Zoodomail.com

 

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