La décision est tombée comme un couperet. Ce mercredi 19 novembre 2025, Laurent Gbagbo a révoqué vingt-deux cadres du PPA-CI pour avoir bravé la ligne officielle et choisi de se porter candidats aux élections législatives du 27 décembre. Une sanction lourde, mais révélatrice du malaise profond qui traverse le parti de l’ancien président ivoirien.
Depuis plusieurs semaines, la direction du PPA-CI martèle l’appel au boycott, accusant le RHDP de verrouiller le jeu électoral. Une posture stratégique, sans doute, destinée à délégitimer un scrutin jugé biaisé. Mais cette stratégie a un coût : elle oblige les cadres à renoncer à la compétition politique, à se retirer du terrain et, pour certains, à signer prématurément leur effacement.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : la survie politique. Dans un paysage en recomposition, où chaque présence compte, vingt-deux cadres ont estimé qu’un retrait total équivaudrait à un suicide. Ils ont préféré prendre le risque de braver l’autorité du parti plutôt que de disparaître du radar électoral. Leur acte n’est pas qu’une dissidence : c’est un cri d’alarme.
En réaction, Gbagbo brandit les principes « sacro-saints » qui fondent toute organisation politique : discipline, cohésion, respect de la ligne. Il rappelle ainsi qu’un parti sans colonne vertébrale se désagrège. Il affirme aussi son autorité, à un moment où les doutes quant à l’unité du PPA-CI s’expriment de manière de plus en plus ouverte.
Mais derrière cette fermeté se profile un défi majeur : le parti peut-il continuer à exister politiquement tout en s’abstenant d’un scrutin national majeur ? Peut-il maintenir sa base mobilisée, ses cadres motivés et sa crédibilité intacte en choisissant la chaise vide ? La sanction des « dissidents » ne résout pas cette équation – elle en souligne plutôt l’urgence.
En vérité, cette affaire illustre la tension permanente entre stratégie collective et ambition individuelle, entre loyauté organisationnelle et nécessité de rester visible dans l’arène politique. Les vingt-deux sanctionnés ont fait un choix risqué, mais révélateur du doute qui mine les rangs. La direction, elle, choisit la ligne dure, au risque de fractures profondes.
Le PPA-CI est aujourd’hui à la croisée des chemins. Soit il transforme ce choc interne en occasion de réaffirmation et de clarification stratégique, soit il voit s’élargir les fissures qui pourraient, à terme, fragiliser durablement sa capacité à peser sur le destin politique ivoirien.
En politique, l’unité est une force. Mais l’unité contrainte peut devenir un fardeau. Entre autorité et ouverture, le parti devra trouver un équilibre. Sans quoi, la révocation de ce 19 novembre pourrait n’être que le prélude à une crise plus vaste.
Par Ludo Paul Koné|Zoodomail.com
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