Burkina-Devant le Tribunal : « Prochainement, tentez de fuir », lance le juge

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Devant le tribunal

Le jeudi 20 novembre 2025, la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I a jugé Madi, 47 ans, célibataire sans enfant, poursuivi pour coups et blessures volontaires à l’aide d’une machette et d’un couteau, au préjudice d’Alain et d’Aziz, membres de sa propre famille. À la barre, Madi a reconnu les faits.

 

Courant novembre 2025, alors qu’Alain et Aziz étaient dans la cour familiale, occupés à débattre de football — Real et Barça — ils ont été surpris par Madi, qui affirme qu’ils « mettent du poison » dans son repas.

 

Madi explique qu’à chaque fois qu’il prépare à manger, il constate que ses frères « mettent du poison derrière lui » et qu’après chaque repas, il tombe malade. Il affirme avoir mis en garde les deux hommes, et ajoute qu’Alain lui aurait confirmé avoir mis du poison dans son repas. « C’est ainsi que j’ai pris la décision de les machetter », dit-il.

 

« Pourquoi vous n’avez pas pris un bâton ? »

 

Le tribunal l’interroge : « Pourquoi vous n’avez pas pris un bâton ? »
— « J’ai regretté après », répond Madi.
« Et pourquoi vous n’avez pas porté plainte ? »
— « C’est une histoire qui date du vivant du papa. J’ai parlé, fatigué. »

 

Le juge demande alors à Alain et Aziz de se lever. Aziz porte un bandage qui couvre la majeure partie du bras gauche ainsi qu’une partie de l’autre bras. Alain a la main entièrement bandée : les cinq tendons ont été sectionnés par les coups de machette et de couteau. Le juge ordonne à Madi de se tourner vers eux. La salle se fige, l’émotion est palpable.

« Est-ce qu’ils étaient comme ça ? »
— « Non », admet Madi.
« Qu’est-ce qui s’est passé alors ? »
— « C’est ce que je venais d’expliquer. »
« Donc c’est la réponse comme ça ? » Silence.
« Quand vous les regardez, les coups étaient violents au point que la douleur est toujours atroce. »
— « Oui vraiment, je regrette. »

 

Le récit des victimes

 

Interrogé par le tribunal, Aziz déclare :
« C’est Madi qui a porté sur moi des coups de machette. Ça fait 16 jours que je ne travaille pas. »

Alain témoigne à son tour :
« C’est Madi qui a coupé tous mes doigts. Dieu merci, les médecins ont pu rattraper les tendons. Je suis étudiant. Un jour je l’ai vu disputer avec la maman, je lui ai dit de laisser ses disputes avec la vieille. Le 4 novembre, j’étais avec les frères, on discutait du foot. Il est passé devant et du coup il a commencé à nous machetter. Moi particulièrement, la machette venait directement vers ma tête et j’ai feinté. »

Le juge lui lance : « Prochainement, tentez de fuir. »

À la question de savoir si Madi est normal, Alain répond :
« Effectivement, je pense qu’il n’est pas normal. Souvent il ne parle à personne. Il sort provoquer les gens au dehors aussi. Nous sommes cousins et habitons ensemble. »

Le tribunal insiste : « S’il n’est pas normal, pourquoi vous portez plainte contre lui ? »
— « C’est parce qu’il provoque les gens partout. Il a des disputes avec les gens », répond Alain.

 

Les victimes renoncent à réclamer des dommages

Sur les réclamations civiles, Aziz déclare :
« Il n’a pas l’argent pour me soigner. Je ne réclame rien. »

Alain renonce également :
« Je laisse tomber, il ne pourra rien faire. »

 

Le parquet demande 24 mois ferme

Dans ses réquisitions, le ministère public estime que l’attaque est injustifiée :
« Madi est poursuivi pour coups et blessures volontaires au préjudice d’Aziz et Alain. Il les a attaqués à la machette et au couteau sans raison. Les blessures sont graves. Il n’y a aucun document pour prouver sa santé mentale. Il faut l’écarter de la société. L’infraction est caractérisée. Nous demandons 24 mois de prison ferme et 500 000 F d’amende assortie du sursis. »

 

Pour son dernier mot, Madi affirme : « Je ne suis pas fou. »

 

Le verdict

Le Tribunal de grande instance de Ouaga I déclare Madi coupable des faits qui lui sont reprochés et le condamne à 12 mois de prison ferme ainsi qu’à 500 000 F CFA d’amende assortie du sursis.

 

Par Zaïr Sanffo|Zoodomail.com

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