Le lundi 8 décembre 2025, Dame Dabilgou a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I pour abus de confiance, au préjudice de Ouedraogo, portant sur un montant de 18 millions de FCFA. La prévenue a nié les faits.
Les faits remontent à 2021, année au cours de laquelle Ouedraogo dit avoir rencontré Dame Dabilgou dans une station à Kaya. De simples échanges de contacts, la relation aurait évolué vers des rendez-vous réguliers et un climat de confiance, au point que le plaignant lui aurait promis le mariage. Mais, au fil du temps, la relation s’est détériorée. Ouedraogo affirme avoir remis à Dame Dabilgou plusieurs millions de FCFA, qu’il considère comme des prêts, tandis que celle-ci soutient qu’il s’agissait de dons. Les deux parties se sont expliquées à la barre ce lundi 8 décembre.
À la barre : deux versions opposées
Interrogée par le tribunal, Dame Dabilgou a déclaré :
« En 2021, je me suis rendue à Kaya dans le cadre de mes affaires. Nous avons échangé comme une femme et un homme, et il m’a promis d’être sa troisième épouse, puisqu’il a déjà deux femmes et des enfants. Moi, je vis seule avec mes enfants. Lorsqu’il venait à Ouagadougou, il séjournait chez moi.
C’est en 2022 qu’il a commencé à me remettre de l’argent à garder chez moi, et souvent il me disait de l’utiliser. Entre-temps, notre relation n’était plus au beau fixe. Il m’a menacée de mort avec des fétiches pour que je lui remette l’argent, en m’obligeant à signer une décharge.
Lorsque je ne voulais plus de cette relation, il a porté plainte contre moi. Nous avons vécu ensemble pendant deux ans. Sur les 18 millions, il m’a demandé de déposer l’argent, puis de l’utiliser. J’ai dépensé l’argent et il reste 5 325 000 FCFA. Il ne s’agissait pas de prêts, mais de dons. Nous avons dépensé ensemble et je peux remettre le reste. »
À son tour, Ouedraogo a été interrogé par le tribunal :
« L’argent est-il un don ou un prêt ? »
« C’est un prêt, et même plus qu’un prêt. Elle a pris l’argent pour investir dans son commerce et réaliser des bénéfices », a-t-il répondu.
À la question de savoir s’il avait accepté un investissement à but lucratif, il a affirmé :
« Oui, au départ. Elle voulait acheter des bijoux censés procurer 300 % de bénéfices. Nous devions construire une villa. Elle devait nous rejoindre et mettre sa maison en location. »
À la question de savoir s’il avait donné l’argent pour qu’il devienne sa propriété, il a répondu par la négative.
Réagissant aux accusations de menaces de mort et de recours à des fétiches, Ouedraogo a nié les faits :
« Elle m’a remis un extrait cadastral. J’ai suivi un GPS qui m’a conduit dans la cour de quelqu’un. Ensuite, elle m’a dit qu’elle avait utilisé l’argent pour construire une station et qu’elle allait me la remettre, mais qu’il fallait attendre six mois.
C’est pour cela que j’ai exigé la signature d’une décharge. J’ai un message WhatsApp dans lequel elle m’a répondu que j’aurais mon argent. Elle m’a piégé et utilisé. J’avais besoin de cet argent pour la scolarité de mes enfants. Elle m’a rassuré. Elle a même rencontré mes épouses pour parler de la villa à construire. Mes enfants m’ont alerté et j’ai commencé à prendre mes distances. La relation sentimentale a été un piège. Elle a déchiré ma famille. »
À la demande du procureur, le message WhatsApp a été présenté à la barre :
« J’ai demandé mes 18 millions et elle a répondu : “Tu l’auras”. »
Lors du contre-interrogatoire, la défense a questionné le plaignant sur le choix de confier de telles sommes à un particulier et sur la durée des versements. Ouedraogo a maintenu ses déclarations, affirmant avoir compris la gravité de la situation lorsqu’il a surpris la prévenue en communication avec une personne réclamant son argent. Il a également expliqué avoir saisi le pénal après avoir été refoulé du domicile de Dame Dabilgou.
Interrogée à nouveau, la prévenue a soutenu :
« Il a d’abord donné 26 millions à mettre sur mon compte. Comme nous vivions ensemble, c’était une aide, un don, d’autant plus qu’il faisait des démarches pour que je sois sa troisième épouse. Il n’a jamais été question de construire quoi que ce soit. »
La défense évoque une relation assimilée à un mariage
Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile a estimé que les faits d’abus de confiance sont constitués, rappelant l’existence d’une reconnaissance et l’impossibilité pour la prévenue de restituer la somme réclamée. Il a sollicité la condamnation de Dame Dabilgou au paiement de 18 millions de FCFA, ainsi que 500 000 FCFA au titre des frais exposés.
Dans ses réquisitions, le ministère public a soutenu que la remise des fonds est établie et que la prévenue les a utilisés à d’autres fins, requérant 12 mois d’emprisonnement avec sursis et une amende de 500 000 FCFA, également assortie du sursis.
« Un procès d’amour », plaide la défense
Pour l’avocat de la défense de Dame Dabilgou :
« C’est un procès de goumin, un procès d’amour. Quand l’amour finit, l’un se sent mal. Quand il quittait Kaya pour Ouagadougou, il dormait chez la dame, mangeait chez elle et demandait même de mettre en marche le climatiseur. Sur l’argent de qui ?
C’est le monsieur qui finançait la relation. Ma cliente notait les dépenses. Elle était amoureuse de Ouedraogo. Il est venu la trouver alors qu’elle menait déjà ses activités.
Aujourd’hui, parce que la relation a échoué, il veut envoyer ma cliente en prison. L’argent a servi à la relation et à l’amour. Nous vous demandons de relaxer ma cliente et de rejeter la réclamation. »
Le verdict est attendu pour le 22 décembre 2025.
Par Reine Zongo|Zoodomail.com
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