Devant le Tribunal : commerce mal géré, justice embarrassée

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Devant le Tribunal

Le mardi 6 mai 2025, D. Assami a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance Ouaga 1. Il était poursuivi pour abus de confiance, accusé d’avoir dissipé la somme de 14 millions de francs CFA au préjudice de N. Mahamoudou. À la barre, le prévenu a nié les faits.

À l’origine de cette affaire, le décès du frère de N. Mahamoudou, propriétaire d’un magasin de vente de carreaux. Ce dernier confie alors la gestion du commerce à D. Assami. Mais quelque temps plus tard, le magasin fait faillite, et un trou de 14 millions de francs CFA est constaté. N. Mahamoudou accuse alors son gérant d’avoir détourné les fonds.

 

À la barre, D. Assami, qui affirme ne pas savoir lire ni écrire, a déclaré qu’il confiait les écritures à T. Jérémie, un tiers, notamment pour consigner les ventes et les versements effectués. Il reconnaît avoir contracté un prêt de 7 millions de francs CFA pour relancer l’activité, prêt qu’il affirme avoir entièrement remboursé.

 

De son côté, N. Mahamoudou a reconnu l’existence du cahier de comptes tenu par le prévenu. Toutefois, il affirme que certaines sommes y ont été notées sans qu’il en ait perçu le montant. Il explique avoir effectué une première commande de carreaux d’une valeur de 9 millions de FCFA, qui aurait dû générer un chiffre d’affaires de 15 millions de FCFA. À la fin de la vente, le prévenu ne lui aurait remis que 11 millions de FCFA, laissant un manquant de 4 millions. Pour une seconde commande également estimée à 9 millions de FCFA, le chiffre attendu était également de 15 millions, mais cette fois, D. Assami n’aurait présenté que 4 millions, créant ainsi un écart de 11 millions de FCFA. Ce cumul de manquants est à l’origine de la plainte pour un préjudice total de 14 millions de FCFA.

 

Appelé comme témoin, T. Jérémie a confirmé avoir rédigé les écritures, tout en soulignant que certaines annotations présentes dans le cahier n’étaient pas de sa main.

 

Au regard de l’absence de pièces justificatives (bons de commande, bons de livraison, ou relevés formels), le parquet a estimé que les preuves de l’accusation étaient insuffisantes pour établir la constitution de l’infraction. Le procureur a également relevé une gestion informelle et non contrôlée du magasin par le plaignant, ce qui laisse place à un doute raisonnable.

 

Le ministère public a donc requis la relaxe au bénéfice du doute.

 

Pour sa part, D. Assami a soutenu qu’il ne doit rien à N. Mahamoudou, affirmant que ce dernier lui avait même dit qu’il allait lui créer des problèmes.

 

Dans son verdict, le Tribunal a suivi la réquisition du parquet et a prononcé la relaxe de D. Assami. Le président du Tribunal a rappelé à la victime que la gestion informelle d’un commerce, sans pièces justificatives claires, conduit souvent à des litiges non élucidables. Il a également informé la partie civile de la possibilité de faire appel dans un délai de 15 jours.

 

Par Ahmadou SERIGNE
Zoodomail.com

 

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