Alors que les projecteurs se braquent de plus en plus sur une Afrique de l’Ouest confrontée à des défis sécuritaires, démocratiques et économiques majeurs, la visite du président Alassane Ouattara à Emmanuel Macron, ce 16 juillet 2025, revêt une portée symbolique forte. À l’heure où certains régimes rompent bruyamment avec la France, d’autres, à l’instar de la Côte d’Ivoire, réaffirment leur fidélité à une relation fondée sur la diplomatie, la coopération économique et une lecture commune des équilibres régionaux. Mais jusqu’à quand ?
Ce déjeuner à l’Élysée, officiellement consacré aux « enjeux bilatéraux et aux grandes questions internationales », n’a rien d’anodin. Il survient dans un contexte de reconfiguration des alliances, où la France tente de maintenir ses points d’ancrage dans un Sahel désormais partiellement réfractaire à son influence. Abidjan, ville stratégique et pôle économique majeur de la sous-région, incarne encore ce partenaire sûr, stable, prévisible ce qui, en soi, est devenu rare.
Mais les mots et les sourires diplomatiques masquent souvent les réalités plus rugueuses. Si la Côte d’Ivoire continue d’afficher une stabilité politique, elle n’échappe pas à certaines tensions internes ni aux débats sur la démocratie, la gouvernance ou encore la préparation de l’après-Ouattara. De même, l’opinion ivoirienne notamment les jeunes observe avec scepticisme, voire lassitude, la longévité de certains liens postcoloniaux.
Dans ce contexte, Paris et Abidjan s’adressent aussi, entre les lignes, à d’autres capitales africaines. Le message est clair : il est encore possible d’avoir une relation avec la France qui ne soit ni une rupture brutale, ni une soumission passive, mais un dialogue d’intérêts réciproques. Ce positionnement mesuré, diplomatique mais affirmé, constitue le style Ouattara. Reste à savoir s’il survivra à son départ de la scène politique.
Car au-delà des poignées de main, c’est l’avenir de la relation France-Afrique qui se joue. Une relation qui, pour exister, devra de plus en plus passer par la transparence, l’équité et le respect mutuel. L’époque des complicités opaques et des agendas cachés semble révolue, ou du moins, le devrait.
Dans le tumulte actuel du continent, Abidjan fait donc le pari du dialogue. Un choix stratégique… mais qui, demain, devra aussi convaincre les peuples.
-Par Yamyélé|Zoodomail.com
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