Présidentielle 2025 au Cameroun : entre continuité et tensions

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Cameroun

Le Cameroun retient son souffle après le scrutin présidentiel du 12 octobre 2025. À 92 ans, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, briguait un huitième mandat, tandis que son ancien allié devenu opposant, Issa Tchiroma Bakary, revendique déjà la victoire.

 

Cette élection, l’une des plus sensibles de l’histoire récente du pays, a ravivé le débat sur la longévité du régime et la possibilité d’une véritable alternance politique. Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, qui a supprimé la limitation du nombre de mandats, Paul Biya gouverne sans discontinuer, faisant de lui l’un des chefs d’État les plus anciens encore en fonction dans le monde.

 

L’opposition, affaiblie et fragmentée depuis plusieurs années, a tenté de s’unir face à lui. Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de la Communication et ex-proche du régime, a surpris par sa campagne dynamique et son ton tranchant. Dès le lendemain du scrutin, il a proclamé sa victoire, appelant le président sortant à « reconnaître la volonté du peuple ». Le camp de Paul Biya a immédiatement rejeté cette déclaration, estimant que seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer les résultats officiels.

 

Le climat reste tendu dans plusieurs localités. À Dschang, un bureau du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a été incendié. Des observateurs internationaux signalent également des irrégularités dans certaines régions, notamment dans les zones anglophones où la participation aurait été très faible en raison des troubles persistants.

 

La Commission électorale (Élections Cameroun, ELECAM) a affirmé que le processus de dépouillement se déroule « dans la transparence et le respect de la loi ». Les résultats définitifs devraient être proclamés d’ici le 26 octobre.

 

Cette élection apparaît comme un tournant pour le Cameroun. Si Paul Biya l’emporte, il prolongera un règne de plus de quarante ans, symbole d’une stabilité relative mais critiquée pour son immobilisme. Si l’opposition venait à créer la surprise, ce serait une page nouvelle dans l’histoire politique du pays, ouvrant la voie à d’éventuelles réformes et à un rééquilibrage du pouvoir.

 

Au-delà des chiffres, c’est la crédibilité du processus électoral et la capacité du Cameroun à gérer démocratiquement la transition qui se jouent dans les prochains jours. Le pays, divisé entre espoir de changement et crainte de tensions, attend désormais le verdict officiel du Conseil constitutionnel.

 

Par Karim Sanogo|Zoodomail.com

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