L’hôpital leader du Burkina Faso prend en charge, chaque année, près de 2 500 patients dits cas sociaux.
Parmi eux figurent les personnes démunies, les patients abandonnés, les malades mentaux errants, les malades X (sans documents d’identification), ainsi que les patients envoyés par l’État.
Mais comment le personnel soignant parvient-il à s’occuper d’eux ? Comment la Direction générale, à travers le service social, assure-t-elle leur prise en charge ? Et quelles solutions envisager pour une gestion coordonnée et durable entre institutions ?
Un hôpital du peuple face à la détresse humaine
Affectueusement surnommé « l’hôpital du peuple », le CHU-Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) reçoit chaque jour une marée d’usagers, parmi lesquels un grand nombre de cas sociaux.
En 2004 déjà, l’établissement avait enregistré 2 398 personnes indigentes, selon le directeur général, Dr Ousmane Néré.
Parmi elles, 1 580 cas internes recrutés dans les services cliniques, et 780 cas externes des usagers déjà sortis de l’hôpital, mais qui continuent à solliciter une aide ponctuelle.
De janvier à septembre 2025, le service social du CHU-YO a déjà pris en charge 1 516 cas sociaux.
Ces patients bénéficient de dons de médicaments, de vivres, de consommables médicaux, ainsi que d’exonérations d’examens, d’actes chirurgicaux et de consultations.
Des services en première ligne
Les services les plus concernés sont notamment, les urgences traumatologiques, les urgences médicales, la psychiatrie, et parfois les urgences viscérales.
« Aux urgences traumatologiques, nous recevons beaucoup de cas sociaux, notamment des patients abandonnés et non identifiés, amenés par les sapeurs-pompiers ou déposés nuitamment par leurs proches qui disparaissent ensuite », explique le directeur général.
En 2024, ce service a ainsi pris en charge 78 cas sociaux, dont de nombreux patients abandonnés.
Selon le service social, 21 nouveaux cas d’abandon ont déjà été enregistrés en 2025.
Face à ces situations, le personnel soignant et administratif se cotise régulièrement pour aider les indigents ou les malades isolés.
Des victimes de l’insécurité également accueillies
En lien avec le contexte sécuritaire, le CHU-YO reçoit aussi des patients envoyés par les structures de l’État.
« En mars 2025, à la suite des événements de Solenzo, nous avons accueilli 51 victimes, prises en charge dans leur intégralité – consultations, interventions chirurgicales, soins divers », rappelle le DG.

L’hôpital offre même des repas supplémentaires aux accompagnants de ces patients : « au lieu d’un repas par malade, nous en servons deux afin de soutenir les accompagnants », ajoute-t-il.
Une prise en charge coûteuse, mais essentielle
La prise en charge des cas sociaux mobilise d’importants moyens financiers.
Le Fonds national de solidarité octroie chaque année 2 millions FCFA, tandis que le Conseil d’administration autorise une enveloppe équivalente, soit 4 millions FCFA par an.
Or, de janvier à septembre 2025, le CHU-YO a déjà dépensé plus de 40 millions FCFA pour ces cas sociaux.
Face à ce déséquilibre, la Direction générale en appelle à la solidarité nationale :
« J’en appelle à toutes les personnes de bonne volonté qui peuvent soutenir ces actions. La solidarité reste une valeur cardinale pour notre pays », insiste le DG.
Pour un fonds spécial et un service social renforcé
Le directeur général plaide pour la création d’un fonds spécial dédié à la prise en charge des cas sociaux au sein des hôpitaux.
Il appelle également au renforcement des services d’action sociale hospitaliers, qui assurent non seulement un appui financier, mais aussi un accompagnement psychosocial et une réinsertion des patients après guérison.
Remerciements et reconnaissance
Le DG du CHU-YO a exprimé sa reconnaissance à l’ensemble du personnel soignant, aux agents du service social, au Conseil d’administration, ainsi qu’au gouvernement pour son accompagnement à travers le Fonds national de solidarité.
Il a tenu à remercier particulièrement l’Association burkinabè pour l’assistance, le suivi et la santé des malades mentaux errants et isolés (ABASMEI), partenaire de terrain qui accueille et suit certains malades après leur sortie de l’hôpital.
Service Communication
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