Burkina-Le Café : « La rue n’est pas un destin »

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Ecole coranique

Le phénomène des enfants en situation de rue est depuis trop longtemps une plaie ouverte dans notre société. Il interpelle nos consciences, nos institutions, nos familles, nos communautés religieuses. Et malgré les multiples initiatives, cette réalité persiste, s’étend parfois, et nous rappelle que la pauvreté, l’exclusion et la perte de repères demeurent des défis de fond au Burkina Faso.

 

L’audience accordée par la ministre de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale, le Commandant Passowendé Pélagie Kaboré, au président de l’Association des Maîtres Coraniques du Burkina Faso (AMCBF), marque un tournant dans la manière d’aborder cette problématique. Pour une fois, le dialogue n’est pas imposé, mais recherché. Le gouvernement choisit d’écouter, de comprendre et de construire avec ceux qui, chaque jour, vivent au contact direct des réalités du terrain : les maîtres coraniques.

 

Ce choix du dialogue est courageux et lucide. Car la mendicité des élèves coraniques, ces enfants souvent livrés à eux-mêmes, errant dans les rues avec une boîte à aumônes, ne se combattra ni par la seule répression, ni par des décisions administratives. Elle exige une approche humaine, culturelle et économique, à la fois ferme et fraternelle.

 

Les maîtres coraniques ne sont pas les ennemis. Ils sont souvent eux-mêmes pris dans la précarité, démunis face à l’absence d’alternatives viables. En les associant à la réflexion et à l’action, l’État reconnaît leur rôle central et ouvre la voie à une solution durable. Le projet d’activités agricoles et communautaires proposé par l’AMCBF est une piste prometteuse : redonner de la dignité à l’enseignement coranique par l’autonomie économique, c’est s’attaquer à la racine du problème.

 

Mais au-delà des projets et des discours, il faut de la constance. Car sauver un enfant de la rue, ce n’est pas un acte ponctuel : c’est un engagement collectif et permanent. C’est refuser que la misère devienne un destin. C’est rappeler que la foi, quelle qu’elle soit, ne peut être invoquée pour justifier la souffrance d’un enfant.

 

Le message du ministre, empreint d’humanisme et de fermeté, mérite d’être entendu : « Aucune société ne peut se construire sur la souffrance silencieuse de ses enfants. » Ces mots sonnent comme un serment moral que chacun de nous doit faire sien.

 

La rue ne doit plus être le premier lieu d’apprentissage de nos enfants. Elle ne doit plus être leur école, ni leur refuge. Si l’État, les maîtres coraniques, les familles et les citoyens s’unissent réellement autour de cette cause, alors peut-être verrons-nous un jour un Burkina où chaque enfant, qu’il soit élève coranique ou non, trouvera sa place à l’abri de la mendicité et de la honte.

 

Éduquer, protéger, autonomiser. Voilà le véritable jihad du développement humain

 

Par Yamyélé|Zoodomail.com

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