138ème anniversaire de la lutte héroïque : l'UAS dit que...

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Ceci est un message de l'UAS à l'occasion de la commémoration du 1er mai .

Avant toute chose, nous vous remercions d’être venus ce matin pour la commémoration du 138ème anniversaire de la lutte héroïque des ouvriers de Chicago. 

Merci pour cette mobilisation, expression de votre engagement à défendre la cause des travailleurs, notre cause. 

Camarades militantes et militants, Camarades travailleuses et travailleurs,

En rappel, la commémoration du 1er mai qui nous réunit ce matin est un hommage à tous les devanciers qui ont consenti des sacrifices énormes sur le terrain de la lutte syndicale, lutte dont nous, travailleurs du XXIe siècle, profitons encore des fruits. 

A leur mémoire, à celles de nos camarades décédés depuis le 1er mai 2023, des victimes civiles et militaires des attaques terroristes qui frappent notre pays depuis huit ans, observons une minute de silence.

Cette célébration du 1er mai nous offre l’occasion de faire un tour d’horizon de la situation internationale et nationale, d’examiner les conditions des travailleurs et de tracer des perspectives. 

  1. Situation internationale 

Cette année, la célébration du 1er mai se tient au plan international dans un contexte marqué par l’approfondissement de la crise du système capitaliste impérialiste. Celle-ci se traduit sur le plan militaire par la multiplication des foyers de guerres autour des intérêts géostratégiques des puissances impérialistes. Les rivalités inter-impérialistes constituent une des causes et un des ferments du terrorisme dans le monde. Au titre des conflits aux conséquences lourdes pour l’humanité dont le risque d’une troisième guerre mondiale, on peut citer les guerres en Ukraine, au Yémen, en Syrie, en Afghanistan et en Afrique. Au Moyen Orient, le monde assiste à une véritable tragédie avec le réveil du conflit Israélo-palestinien et son lot d’images insoutenables de massacres de vies humaines innocentes, de blessés, de réfugiés en errance, de destructions d’infrastructures avec la complicité active des grandes puissances qui se déclarent ouvertement alliées d’Israël contre le droit légitime du peuple palestinien à vivre sur sa terre.

Cette crise se traduit sur le plan politique par la montée des partis et des idées d’extrême droite, voire fascistes. 

Sur le plan économique et social, on assiste à la destruction massive des forces productives et à une récession de la plupart des économies avec pour effets des suppressions d’emplois, des remises en cause des acquis sociaux, bref le développement de la misère en contradiction avec la réalisation par les multinationales de superprofits. Avec une industrialisation à visage inhumain, le monde vit des bouleversements au plan écologique : élévation des températures, fonte des glaciers, élévation du niveau des mers, multiplication des catastrophes naturelles dues aux changements climatiques, etc. 

En réaction à la crise et à ses conséquences, partout dans le monde, les peuples et les travailleurs se mobilisent et organisent la résistance pour refuser d’en payer les frais. 

Situation en Afrique

En Afrique, la caractéristique principale est le renforcement de la domination impérialiste du continent qui est de ce fait le théâtre des rivalités inter-impérialistes. Les récents propos tenus par le Général LECOINTRE, ancien chef d’Etat-major de la France traduisent bien la volonté de la France impérialiste de défendre ses intérêts par la guerre s’il le faut. Fort heureusement, on note aussi une prise de conscience grandissante des populations de cette situation et la quête d’un changement en leur faveur, même si cette quête du changement est dévoyée par des organisations militaires et civiles putschistes qui se proclament « panafricanistes » et « anti-impérialistes ». En réalité bien souvent, ces organisations font le jeu de nouvelles puissances capitalistes et impérialistes. 

Dans la sous-région ouest-africaine, le départ des troupes françaises de certains pays ne met nullement fin à la domination et à l’exploitation impérialiste françaises. Il nourrit les convoitises d’autres puissances impérialistes telles que les USA, la Russie, la Chine, l’Inde, la Turquie, l’Iran, etc. Ces convoitises sont aiguisées par de nouvelles découvertes de richesses dans la plupart des pays. 

L’incapacité des pouvoirs à juguler l’insécurité et ses conséquences a été le prétexte utilisé pour perpétrer les coups d’Etat au Mali, au Burkina Faso et au Niger. On observe que les pouvoirs putschistes exploitent à fond le sentiment anti-impérialiste au niveau des populations sans véritablement remettre en cause l’exploitation et la domination impérialistes.  En témoignent l’option claire de se mettre sous la coupe de l’impérialisme russe jugé plus « accommodant », la poursuite de l’exploitation par les multinationales françaises, la poursuite de la coopération avec le FMI et la Banque Mondiale dont la contrepartie est la prise de mesures antisociales et anti-travailleurs. M. Facinet SYLLA, représentant du FMI n’avait-il pas déclaré lors d’une visite au Burkina en 2022 ceci : « le Burkina vit une période exceptionnelle et il faut en profiter pour faire des mesures exceptionnelles » !

Dans la région du Sahel, la création par le Mali, le Niger et le Burkina de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) suivie de leur retrait de la CEDEAO, si elle suscite des espoirs chez certains, suscite aussi des interrogations et inquiétudes légitimes chez d’autres. 

  1. Situation nationale

 Elle est marquée par une dégradation notable de la situation sécuritaire, la remise en cause des libertés et la vie chère.

La reconquête du territoire présentée comme motif principal du coup d’Etat du MPSR, a suscité beaucoup d’espoir au début. Cependant, hormis les localités où des PDI ont pu être réinstallées et certaines écoles rouvertes, la situation globale des zones à fort défi sécuritaire est plutôt inquiétante. Des menaces et attaques terroristes suivies de déguerpissements des populations, les manifestations des populations de diverses localités pour réclamer la sécurité ou un ravitaillement en produits de première nécessité, l’impossibilité d’emprunter certains axes routiers, les nombreuses localités sous blocus sont des faits quasi quotidiens, même si, du fait du verrouillage de l’information, ces faits sont camouflés au public, sous prétexte de communication de guerre ! 

Les menaces et attaques contre les citoyens ont tellement marqué les esprits qu’aujourd’hui les médias ont souvent du mal à avoir des invités pour animer certaines émissions. Les médias sont confrontés à toutes les difficultés pour disposer de sources officielles afin de vérifier certaines informations sur la situation sécuritaire. Depuis l’arrivée du MPSR2, les journalistes, parce qu’ils n’ont plus la possibilité d’aller collecter l’information comme l’exige leur métier, sont réduits à des diffuseurs de communiqués du gouvernement et de l’Armée sur la situation sécuritaire. Une autre conséquence, c’est la livraison des populations aux fake news, notamment sur les réseaux sociaux. Les pratiques consistant à diffuser des fausses informations, contribuent à polluer le débat public, à nuire à la bonne information du public, exacerbant ainsi la désinformation et les discours de haine dans notre pays. 

Dans ce contexte, une préoccupation essentielle demeure à savoir le grave recul sur le plan démocratique se traduisant par la multiplication des atteintes aux libertés et aux droits des citoyens, une révision illégale de la constitution remettant en cause l’indépendance de la justice, des réquisitions, arrestations et radiations de militaires au mépris des procédures légales, enlèvements et séquestrations de citoyens pour l’expression d’avis critiques sur la gouvernance du MPSR2.  A ce jour, on compte plusieurs annonces de tentatives de coups d’Etat suivies d’arrestations et même d’assassinat, sans qu’aucun procès n’ait été programmé jusque-là pour éclairer l’opinion. Les nombreuses enquêtes annoncées pour élucider les accusations d’exactions commises par les forces de défense et de sécurité ou leurs supplétifs (à Karma, Zaongo, …) sont toutes restées sans suite. Le pire, c’est que le pouvoir refuse obstinément d’exécuter les décisions de justice (cas du dossier Anselme KAMBOU) même celles qui font suite à un appel formulé par l’Agent Judiciaire de l’Etat (dossier Guy Hervé KAM).

Les organisations syndicales sont l’objet de menaces et d’attaques de toutes sortes.  En effet, pour avoir dénoncé ces atteintes aux droits démocratiques et sociaux, le Collectif CGT-B et d’autres organisations ont fait l’objet de menaces à l’arme blanche documentées sur les réseaux sociaux, dans un silence complice des autorités de la transition. Celles-ci dévoileront leurs intentions à l’endroit du collectif CGT-B, le 29 Janvier 2024, avec la tentative d’enlèvement du Secrétaire Général de la CGT-B à son domicile. Sur cette question, l’UAS est allée vers les autorités à travers trois correspondances adressées au ministre chargé de la sécurité, au président de l’université de Koudougou avec ampliation au ministre chargé de l’enseignement supérieur, enfin au ministre d’Etat chargé de la fonction publique. L’objectif était de nous informer sur la tentative d’enlèvement et d’interpeller les autorités sur cette mesure contre un leader syndical à qui aucun reproche n’a été adressé, ni aucune notification. En l’absence de réaction à ces trois correspondances, nous nous avons adressé une correspondance au Premier ministre. En lieu et place d’une réaction à nos différentes correspondances, le gouvernement a persisté dans la répression contre le camarade. D’abord, il y a eu un communiqué de mise en demeure le sommant de rejoindre son poste dans un délai de dix jours, puis une note de suspension de son salaire pour compter d’avril 2024 et enfin l’annonce de la prise d’un décret de licenciement contre lui pour abandon de poste par le conseil des ministres du 25 avril 2024! Il s’agit là d’un véritable acharnement contre un responsable syndical que nous dénonçons et condamnons énergiquement. 

Au plan de la gouvernance, on observe une gestion des deniers publics qui fait courir le risque de fins de mois sans salaire aux agents publics de l’Etat, un abus dans l’octroi des marchés gré à gré, des nominations qui ignorent désormais le principe d’appel à candidature pour la désignation des directeurs généraux et autres présidents d’institutions (en totale contradiction avec la loi N°002-2023/ALT sur le renforcement de la neutralité politique et de la méritocratie dans l'administration publique sur la méritocratie), des recours répétés et abusifs aux ressources des caisses de prévoyance sociale que sont la CNSS et la CARFO.  Les nombreuses sollicitations des ressources de la CNSS et de la CARFO pour financer des projets économiques douteux suscitent des inquiétudes légitimes quant à la capacité de ces organismes à assurer à terme la prise en charge des pensions des retraités. 

Certains choix opérés par le gouvernement sont en déphasage avec les préoccupations des populations. Par exemple, pendant que des populations dans des régions manifestent pour réclamer plus de sécurité et leur ravitaillement en vivres et autres biens, le gouvernement, au cours du Conseil des ministres du 4 avril 2024, a attribué de nombreux marchés parmi lesquels ceux consacrés à une fameuse stratégie de communication qui va coûter au budget de l’Etat près de 670 millions de francs.

Camarades militantes et militants, camarades travailleurs,  

Au plan de nos relations avec les autorités, nous observons une rupture de fait du dialogue social : en 2023, en réaction aux propos tenus par le ministre en charge du travail accusant l’UAS de complicité avec le patronat pour bloquer le projet de loi portant Code du Travail, l’UAS a dû lui adresser une lettre ouverte pour démentir ses propos et souligner son attachement à l’adoption du Code du travail. Nous constatons avec regret que malgré les promesses répétées du ministre, le projet de Code du Travail retiré par le gouvernement n’a toujours pas été transmis à l’Assemblée Législative de Transition ! Comme nous l’avons indiqué plus haut, le gouvernement est resté silencieux sur toutes les correspondances que l’UAS lui a adressées en février 2024 et relatives à la répression et aux menaces proférées contre des citoyens dont des responsables syndicaux. En rappel, la rencontre Gouvernement/Syndicats ne s’est pas tenue depuis 2022, faute de réponse aux préoccupations soulevées par l’UAS. 

Pendant ce temps, la vie chère demeure une réalité qui frappe les travailleurs et les populations. Elle est consécutive à la flambée des prix des produits céréaliers (laquelle est liée à l’impossibilité pour de nombreux paysans de produire du fait de l’insécurité et à la guerre en Ukraine), aux retenues sur les revenus des travailleurs, à l’instauration de taxes sur les consommations de différents biens et services. A tout cela s’ajoutent les coupures d’eau, les délestages électriques devenus fréquents et de plus en plus longs causant de nombreux préjudices aux citoyens, plus particulièrement à certains acteurs de l’économie notamment dans les domaines de la construction métallique, de la vente de produits laitiers, de jus de fruits, de la poissonnerie et de la charcuterie. 

Face à une telle situation préjudiciable aux intérêts des travailleurs et du peuple, l’UAS interpelle à nouveau le gouvernement pour la prise en compte des préoccupations que lui soumettent les organisations syndicales en particulier et les organisations démocratiques en général. Il faut bâtir un véritable dialogue qui respecte les partenaires et recherche avec eux les solutions aux préoccupations posées.

En tout état de cause, l’UAS s’efforcera toujours de jouer pleinement son rôle de défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs et de veille citoyenne. Dans ce sens, elle interpelle les responsables syndicaux à tous les niveaux, les travailleurs des différents secteurs d’activités afin qu’ils dynamisent leurs structures en menant le travail de sensibilisation et de mobilisation des travailleuses et travailleurs pour la défense des libertés et pour la défense de leurs intérêts en lien étroit avec les intérêts des populations et du pays.  

Camarades militant(e)s, camarades travailleuses et travailleurs, 

En ce jour symbole, l’UAS exprime toute sa solidarité aux travailleurs et aux peuples en lutte partout dans le monde pour la liberté, la justice, le droit à la vie et pour de meilleures conditions de vie et de travail. En particulier, elle traduit sa compassion et sa solidarité à l’égard du peuple martyr de Palestine soumis aux pires exactions du pouvoir israélien au mépris du droit international. 

Bonne fête du Travail !

Vive la solidarité internationale entre les travailleurs ! 

Vive l’Unité d’Action Syndicale !

Pour les secrétaires généraux, ont signé :

Le Président de mois des Centrales syndicales     Le Président de mois des Syndicats autonomes

 

Marcel ZANTE                                                             Windyam ZONGO

Secrétaire général / CNTB                                            Secrétaire général / SYNAPAGER

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