
Le mercredi 30 juillet 2025, Simporé SIMPORE Koudwango dit Raphael, Gomtanga Emile, Boureima, Sana Amado, Barké, Jean Pierre, Koudougou, Raogo Marcel, Sandogo, K Ousséni, Kibsi Julien prévenus ont comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I. Ils sont poursuivis pour coups et blessures volontaires, dégradation volontaire de biens et accusation de pratique de sorcellerie à l’encontre de Simporé Bila, qu’ils accusent d’avoir « mangé » Simporé Jean.
Les faits remontent à 2024 dans un village de la commune de Tanghin-Dassouri. À la suite de deux décès successifs dans une même cour, dont celui de Simporé Jean, les habitants ont convoqué une rencontre en présence du chef pour interroger Simporé Bila, parent des défunts. Ce dernier ayant refusé de se présenter, il a été par la suite à la rencontre. Accusé de sorcellerie, Bila a nié toute implication, proposant de se soumettre à un rituel pour que les fétiches révèlent la vérité. Le chef du village lui aurait alors demandé de quitter le village, ce qui a déclenché une série de violences à son encontre : bastonnade, humiliations, déchirure de ses vêtements, menace au moyen d’une corde. Il affirme avoir parcouru six villages sous la menace avant de porter plainte.
À la barre, Bila explique :
« Quand Jean est tombé malade, j’ai entendu parler d’un féticheur. J’en ai parlé à sa femme, qui m’a dit que c’était une affaire d’homme. Je suis allé seul. Le féticheur m’a donné trois produits : un à mettre dans la bouillie ce que la femme a fait un à enterrer devant la porte, et un à accrocher dans la chambre. Jean allait mieux, jusqu’à sa mort. Quand le chef m’a convoqué, je me suis retrouvé devant une centaine de personnes. J’ai été accusé de la mort de Jean et d’un autre. J’ai proposé qu’on fasse un rituel, mais on m’a frappé. Même sa femme a reçu des coups. Ils m’ont humilié, m’ont donné une corde pour me pendre et m’ont interdit de remettre pied au village. »
Selon Kibsi, Bila aurait reconnu être responsable :
« Il y avait une mésentente entre lui et le père du défunt. C’est pourquoi nous avons pensé que c’était lui. Et aussi il a refusé de venir »
Un témoignage lu à l’audience indique que Bila aurait dit vouloir se venger.
Malgré tout, sa maison est restée intacte et sa famille y réside toujours.
Le procureur interroge ensuite les prévenus :
« Monsieur Simporé, votre épouse est décédée récemment. Était-ce de la sorcellerie ? »
« Non, c’est Dieu », répond-il.
À un autre prévenu : « Votre mère est décédée il y a quelques années. Était-ce aussi de la sorcellerie ? »
« Non, c’est Dieu », répond-il également.
Le ministère public dénonce l’absurdité des accusations sans preuve :
« Pour la mort de Jean, c’est de la sorcellerie, mais pas pour les vôtres ? Vous ne prouvez rien. Demain, ce sera une autre personne. »
À la question du tribunal : « Pensez-vous toujours qu’il y a eu sorcellerie ? »
Sept des dix prévenus déclarent avoir seulement suivi les coutumes, sans penser que cela conduirait devant un tribunal. Les deux plus jeunes, Jean Pierre et Barké, affirment croire à la sorcellerie.
« M. Bila, êtes-vous un sorcier ? », demande le procureur.
« Je jure au nom de Dieu que je ne suis pas sorcier », répond-il, les mains levées.
Interrogé sur ses attentes, la victime déclare ne rien réclamer, même pas pour les blessures subies.
Dans ses réquisitions, le procureur déclare :
« Simporé Emile et dix autres sont poursuivis pour coups et blessures volontaires, accusation imaginaire de sorcellerie et destructions de biens. Les infractions sont caractérisées. Les coups sont établis. Un doute subsiste quant aux biens. Le dossier est sensible, car il touche au vivre-ensemble. De tels cas sont fréquents à Tanghin-Dassouri. Il faut des sanctions dissuasives. »Il requiert, pour neuf prévenus : 48 mois de prison avec sursis et 1 000 000 F CFA d’amende, dont 500 000 F CFA ferme chacun. Pour Barké et Jean Pierre : 12 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.
Dans son verdict,
« Le Tribunal, statuant publiquement, par défaut à l’égard de K Ousséni et contradictoirement à l’égard des autres prévenus, en matière correctionnelle et en premier ressort :
-Renvoie SIMPORE Koudwango dit Raphael,Gomtanga Emile, Boureima, Sana Amado, Barké, Jean Pierre, Koudougou, Raogo Marcel, Sandaogo, K Ouesséni et Kibsi Julien des faits de destruction volontaire de biens au bénéfice du doute ;
-Les déclare par contre tous coupables des faits d’accusation de pratique de sorcellerie qui leur sont reprochés ;
-Déclare Barké, Jean Pierre, Koudougou et KABORE Ouesséni également coupables des faits de coups et blessures volontaires qui leur sont reprochés ;
-Requalifie les faits de coups et blessures volontaires initialement reprochés à Gomtanga Emile, Boureima et Sana Amado en complicité de coups et blessures volontaires et les en déclare tous coupables ;
-Renvoie Koudwango dit Raphael, Raogo Marcel, Sandaogo et Kibsi Julien des fins de la poursuite de coups et blessures volontaires au bénéfice du doute ;
-En répression, condamne Koudwango dit Raphael, Gomtanga Emile, Boureima, Sana Amado, Raogo Marcel, Sandaogo et SIMPORE Kibsi Julien, chacun à une peine d’emprisonnement de quarante-huit (48) mois et à une amende d’un million (1.000.000) F CFA, le tout assorti du sursis ;
-Condamne Barké, Jean Pierre, Koudougou et K Ouesséni, chacun, à une peine d’emprisonnement de quarante-huit (48) mois dont (06) mois ferme et à une amende de un million (1.000.000) F CFA assortie du sursis ;
-Décerne mandat de dépôt contre Barké et Jean Pierre et mandat d’arrêt contre Koudougou et Ouesséni ;
-Donne acte à SIMPORE Bila Pierre de ce qu’il ne se constitue pas partie civile ;
Par Zaïre Sanffo|Zoodomail.com
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