Devant le Tribunal-TGI Ouaga I : deux femmes jugées pour avoir excisé une quinzaine de fillettes à Ouagadougou

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mutilations génitales féminines

Le mercredi 6 août 2025, Lizéta, mère de quatre enfants, a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I pour des faits de pratique de d'excision en complicité avec Mariam, âgée de 57 ans. Les deux prévenues ont reconnu les faits qui leur sont reprochés.

 

Selon le dossier, courant juin 2025, Mariam a sollicité Lizéta pour pratiquer des mutilations génitales féminines sur une quinzaine de fillettes âgées de quatre à dix ans, dans sa cour à Sakoula. Informées grâce à une dénonciation, les autorités sécuritaires ont interpellé les deux femmes, qui ont été placées en détention à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) avant leur comparution.

 

Interrogée par le tribunal sur sa connaissance de l’interdiction, Mariam a répondu : « Je suis au courant, je demande pardon. » Lizéta, exciseuse présumée, tenant dans ses bras un bébé en pleurs, a été autorisée à l’allaiter avant de répondre aux questions. Elle a expliqué avoir appris cette pratique à l’étranger, et a reconnu que son mari lui avait déconseillé de l’exercer, rappelant que l'excision est formellement interdite au Burkina Faso. Elle a précisé que la rémunération était de 7 500 FCFA par enfant et que ce n’était pas son activité principale, affirmant vendre des vêtements.

 

« Quand votre mari vous a dit de ne pas pratiquer l’excision, est-il présent dans la salle aujourd’hui ? »
« Non », a-t-elle répondu.

 

Le tribunal a rappelé les conséquences graves de l’excision : risques de transmission du VIH/sida, complications lors de l’accouchement, infections et douleurs physiques et psychologiques. 

 

Le procureur a insisté sur la gravité des faits, surtout au regard de l’âge des victimes, et a requis pour 18 mois de prison dont 6 mois fermes, assortis d’une amende de 500 000 FCFA avec sursis, chacune.

 

L’avocat de la défense, plaidant également pour Mariam, a affirmé ignorer que cette pratique persistait encore dans certaines localités et a demandé la clémence et le pardon, soulignant la présence du bébé de Lizéta.

 

Dans son délibéré, le tribunal a reconnu les deux femmes coupables. Mariam a été condamnée à 12 mois de prison assortis du sursis et à une amende de 500 000 FCFA également du sursis pour complicité. Lizéta, en raison de la présence de son nourrisson, a écopé de 100 heures de travaux d'Intérêt général. Le tribunal a précisé que sans cette circonstance, la peine aurait été plus lourde, rappelant que la lutte contre les mutilations génitales féminines reste une priorité et que cette pratique constitue une infraction grave au Burkina Faso.

 

 

Par Zaïre Sanffo|Zoodomail.com

 

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