
Le vendredi 8 août 2025, Omar, un jeune commerçant, a comparu devant la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouaga I pour des faits d’escroquerie portant sur la somme de 2 150 000 FCFA au préjudice de la famille Compaoré, qu’il aurait extorquée sous prétexte de les aider à faire libérer Saidou de prison. Il a reconnu les faits qui lui sont reprochés.
Courant mars 2025, Saidou informe Omar qu’il est en garde à vue dans une affaire de grand banditisme. Omar saisit alors l’occasion pour contacter le petit frère de Saidou, Idrissa, ainsi que les parents à Kombissiri, leur soutirant de l’argent en prétendant connaître des magistrats au palais de justice pouvant intervenir. Malheureusement pour lui, Saidou écope d’une lourde peine lors de son procès. La famille Compaoré comprend alors qu’il s’agit d’une escroquerie. Omar est arrêté et traduit devant le tribunal ce 8 août 2025.
Un stratagème autour de la libération d’un détenu
Dans ses explications, le prévenu déclare avoir sollicité des connaissances pour trouver un avocat en faveur de Saidou. Il nie avoir dit qu’il connaissait des magistrats. Concernant l’argent, qu’il a perçu en cinq tranches, il affirme l’avoir utilisé pour soigner sa mère et lui-même.
Le tribunal rappelle qu’à l’audience du 1er août 2025, Omar avait demandé la suspension de l’instruction pour permettre la vérification, dans ses téléphones portables, du contact du magistrat censé recevoir l’argent. Or, après investigation, aucun contact de ce type n’a été retrouvé, contrairement à ses dires. Interrogé de nouveau ce 8 août, Omar maintient qu’il n’a jamais affirmé connaître un magistrat.
— « Mais c’est qui alors ? », lui demande le tribunal. Le prévenu reste évasif.
Selon le représentant de la famille Compaoré, Omar les a contactés en affirmant que leur frère était son ami et qu’il connaissait des personnes capables de les aider. Il leur aurait même envoyé des vidéos pour les rassurer, mais en définitive, Saidou a été condamné.
En présence du détenu Saidou, le tribunal cherche à savoir s’il a parlé d’avocat ou de magistrat. Les victimes confirment que Omar disait seulement connaître « des gens qui pouvaient les aider ».
L’avocat de la défense demande alors à son client comment il compte rembourser. Omar répond : « Si on me libère, je vais travailler pour rembourser. »
Son conseil précise qu’il a déjà remis 300 000 FCFA aux victimes lorsqu’il était au commissariat.
Constituée partie civile, la famille Compaoré, représentée par Idrissa, réclame le remboursement du reliquat, soit 1 850 000 FCFA.
Un verdict mêlant prison ferme et remboursement aux victimes
Dans ses réquisitions, la procureure rappelle que Omar a menti en prétendant pouvoir obtenir un avocat ou un contact judiciaire. Si Saidou avait bénéficié d’un sursis ou d’une relaxe, on aurait pu croire à son intervention, mais ce ne fut pas le cas. L’escroquerie étant avérée, elle requiert cinq ans de prison, dont trente-six mois ferme, et une amende d’un million de FCFA avec sursis.
En plaidoirie, l’avocat de la défense demande au tribunal de ne pas suivre le ministère public, soulignant que son client a commencé à rembourser et qu’une longue détention empêcherait tout remboursement. Il plaide pour un sursis, assurant qu’Omar est prêt à s’amender.
Dans son dernier mot, Omar implore le pardon du tribunal, précisant qu’il a deux épouses, sept enfants, et que sa boutique est fermée.
Le tribunal le déclare coupable d’escroquerie et le condamne à 24 mois de prison, dont 12 mois ferme, ainsi qu’à une amende d’un million de FCFA assortie de sursis. Il juge recevable la constitution de partie civile de Idrissa et ordonne à Omar de verser 1 850 000 FCFA aux victimes, avec une contrainte judiciaire d’un an.
Par Reine Zongo|Zoodomail.com
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